Le conglomérat japonais Mitsubishi Heavy Industries (MHI) a annoncé vendredi une commande de 100 exemplaires de son avion régional MRJ par le transporteur américain Trans States Holdings, un coup d'accélérateur bienvenu pour ce premier avion de ligne nippon conçu en 50 ans.

Trans States Holdings, qui chapeaute deux compagnies aériennes régionales américaines, Trans States Airlines et GoJet Airlines, a signé une lettre d'intention portant sur 50 ordres d'achat fermes et 50 options.

Le montant total n'a pas été divulgué mais, au prix catalogue, il atteindrait 40 milliards de dollars.

Cette nouvelle commande, la première en provenance de l'étranger, porte à 125 exemplaires, dont 60 en option, le total de commandes de Mitsubishi Regional Jet (MRJ) depuis le laborieux lancement de ce projet en mars 2008.

«Nous sommes heureux d'être le premier acquéreur du MRJ hors du Japon», a déclaré le directeur général de Trans States Holdings, Richard A. Leach, lors d'une conférence de presse coorganisée avec MHI vendredi à Tokyo.

MHI avait déjà reçu une commande de 25 MRJ de la part de la deuxième compagnie aérienne japonaise, All Nippon Airways (ANA).

Le MRJ est un avion de ligne qui devrait exister en trois versions de base, de 70 à 100 sièges environ.

M. Leach, qui connaît bien les dirigeants des activités aéronautiques de MHI, a expliqué ce choix par les performances techniques attendues du MRJ, notamment en termes de consommation de carburant et de coût d'exploitation, et par la réactivité de MHI aux demandes formulées.

«Nous pensons que cet avion nous donnera un net avantage compétitif», a-t-il insisté.

Les compagnies de Trans States Holdings effectuent 350 vols quotidiens desservant 50 villes aux États-Unis pour assurer les correspondances régionales pour United Airlines et US Airways. Trans States Holdings accueille ainsi 5 millions de passagers par an.

«Nous devons être en mesure de répondre aux changements du marché et de l'environnement économique et nous pensons que les différentes versions du MRJ nous permettrons d'être flexibles», a poursuivi M. Leach.

L'exemplaire inaugural du MRJ devrait être livré au premier trimestre 2014 selon les prévisions actualisées dernièrement par MHI, c'est-à-dire avec un léger retard de trois mois sur l'échéancier initial en raison de récents changements.

MHI a depuis le départ présenté son futur aéronef (le premier depuis l'YS-11 conçu dans les années 1950) comme le plus high-tech et le plus écologique de sa catégorie, notamment face aux modèles concurrents du canadien Bombardier [[|ticker sym='T.BBD.B'|]] ou du brésilien Embraer [[|ticker sym='ERJ'|]], déjà bien installés sur le marché mondial.

Le patron de Trans States Holdings attend de fait du MRJ «une réduction de 20% ou plus sur la consommation du carburant par heure de vol», ce qui signifie des économies substantielles sur l'un des postes les plus coûteux pour les compagnies.

Par rapport au projet initial, MHI a en outre procédé à des ajustements non négligeables, arguant de sa volonté de répondre plus précisément aux desiderata des compagnies potentiellement intéressées, notamment en Europe. Il a aussi dû tenir compte de contraintes techniques inattendues.

«Nous avons reçu des réactions positives de la part des clients potentiels qui jugent que grâce à ces modifications l'avion sera encore meilleur», a assuré Hideo Egawa, patron de Mitsubishi Aircraft.

MHI prévoit de produire dans un premier temps, en 2014, un puis deux exemplaires de MRJ par mois, avant de monter en puissance progressivement les les années suivantes pour atteindre jusqu'à 5 à 6 par mois.

Il espère vendre 1000 MRJ en 20 ans, soit 20% du marché mondial estimé sur cette période.

«Assurément, nous annoncerons de nouvelles commandes, nous sommes confiants», a conclu M. Egawa.