Le principal transporteur interurbain par autocars au Québec, Orléans Express, bifurque vers le transport urbain et d'écoliers avec l'achat de filiales du Groupe Gaudreault, établi à Joliette.

Cette transaction de «plusieurs millions de dollars» est aussi la plus importante jusqu'à maintenant pour Orléans Express, a confirmé son président, Sylvain Langis, en entretien avec La Presse Affaires.Il y a quatre ans, Orléans avait fait l'acquisition du transporteur Acadian, dans les Maritimes.

Cette fois, l'achat de sept filiales de Gaudreault triplera le parc de véhicules d'Orléans et doublera presque son effectif.

Le parc du groupe, actuellement de 105 autocars, passera à 375 véhicules en tout, dont 255 seront des autobus urbains et d'écoliers.

L'effectif d'Orléans passera de 500 à 800 employés, en comptant ceux des deux centres d'exploitation (garages et bureaux) du Groupe Gaudreault, à Terrebonne et Repentigny.

Par ailleurs, cette acquisition d'Orléans est la cinquième transaction majeure en quelques années dans le transport par autobus au Québec qui implique des capitaux d'origine française.

Il faut rappeler que depuis 2002, Orléans Express est une filiale à 75% de l'entreprise française Keolis SA, important exploitant privé de transport de passagers par autobus et par trains légers urbains.

Le mois dernier, l'un des principaux concurrents de Keolis en France, le groupe Transdev, a acquis au Québec le Groupe autobus Auger, qui exploite 210 véhicules et emploie 270 personnes.

Il y a deux ans, en juillet 2007, Transdev avait acheté le transporteur Limocar, qui exploitait alors 320 véhicules et employait 430 employés en Estrie et en Montérégie. Dans la même région, une autre grande entreprise française de transports publics, Veolia, est présente depuis 2002 après son achat des Autobus Viens.

À l'Association des propriétaires d'autobus du Québec (APAQ), on estime que ces investissements français ont rehaussé le dynamisme de tout le secteur.

«Ces grandes entreprises sont des leaders internationaux de la gestion de transports publics, par services directs ou en sous-traitance de pouvoirs publics, souligne Romain Girard, vice-président de l'APAQ.

«Par conséquent, elles amènent au Québec des capitaux et une expertise qui bénéficient à tout notre secteur. Aussi, elles s'avèrent des solutions attrayantes pour les autorités régionales qui veulent offrir du transport collectif de façon efficace en sous-traitance, plutôt que d'alourdir leurs propres services publics.»

À Orléans Express, le président et coactionnaire minoritaire, Sylvain Langis, confirme que l'acquisition de filiales de Gaudreault réalisera une «diversification recherchée depuis quelques années».

Pour le moment, Orléans tire presque tous ses revenus de la vente de billets sur ses trajets interurbains, en particulier la très fréquentée liaison Québec-Montréal. Orléans dessert aussi la Mauricie, l'est du Québec et les Maritimes, avec sa division Acadian.

Avec l'achat des filiales de Gaudreault, Orléans prévoit qu'au moins le tiers de ses revenus deviendront d'origine contractuelle, c'est-à-dire de contrats multi-annuels de transport scolaire et urbain dans la région de Lanaudière.

«Nous cherchions à réduire notre dépendance du marché des consommateurs avec des contrats plus prévisibles», explique M. Langis.

Néanmoins, dit-il, cette diversification ne signifie pas d'inquiétudes d'affaires chez Orléans envers ses liaisons interurbaines régulières.

«Certes, l'année 2009 est un peu plus difficile en raison de la récession. Mais nous ne subissons qu'une légère baisse d'achalandage par rapport à l'année dernière, qui fut très bonne grâce notamment au 400e de Québec, et la hausse du prix de l'essence nous a amené plusieurs automobilistes.»

Par ailleurs, la toute récente grève des conducteurs de locomotives chez Via Rail a aussi profité à Orléans Express, même si elle fut «plus courte qu'on aurait souhaité», admet M. Langis.

Tout compte fait, en dépit de la récession, Orléans a «les moyens de régler au comptant» une transaction comme l'achat des filiales du Groupe Gaudreault.

Tout au plus, a confirmé Sylvain Langis, Orléans profitera d'un petit apport de capital de sa part et de son actionnaire majoritaire, Keolis SA.