La tempête économique a fini par rattraper Bombardier (t.bbd.b) .

Les profits de l'entreprise ont plongé de 31% pour s'établir à 158 millions US au premier trimestre de l'exercice 2010. Bombardier Aéronautique n'a enregistré que 9 commandes nettes au cours du trimestre, comparativement à 118 pour la même période de l'exercice précédent. Pas moins de 25 avions neufs et 35 avions d'occasion non vendus s'entassent sur les terrains de l'avionneur. La division aéronautique a dû adopter des mesures à court terme pour protéger ses liquidités.

L'action de catégorie B de Bombardier a chuté de 8,5% pour clôturer à 3,54 $ à la Bourse de Toronto hier.

«Cette première année à la tête de Bombardier Aéronautique m'a permis de me familiariser avec la nature cyclique de l'industrie aéronautique, a commenté le président de la division, Guy Hachey, à l'occasion de l'assemblée annuelle de l'entreprise hier. En août dernier, tout laissait croire que nous nous dirigions encore vers une année record sur le plan des commandes.»

 

C'est au cours du quatrième trimestre de l'exercice 2009 que le ralentissement économique a commencé à avoir des effets négatifs sur les commandes et les livraisons. Des clients ont demandé de reporter la livraison de leurs appareils ou d'annuler carrément leur commande.

L'ensemble de Bombardier a quand même terminé l'exercice avec des profits records: pour la première fois de son histoire, son bénéfice net a passé la barre du milliard US.

«Nous avons entamé l'exercice 2010 dans un contexte économique beaucoup plus difficile que celui de l'an passé, a déclaré le président et chef de la direction de Bombardier, Pierre Beaudoin, en s'adressant aux actionnaires. Et les résultats du premier trimestre reflètent ce nouvel environnement.»

Les revenus de l'entreprise ont diminué de près de sept pour cent pour s'établir à 4,5 milliards US. Le bénéfice net est passé de 12 à 9 cents US par action alors que les analystes s'attendaient à un bénéfice net de 10 cents US par action.

Pas de réduction de cadence

C'est essentiellement la division aéronautique qui a été frappée de plein fouet. Au premier trimestre, la division a dû faire face à l'annulation de 61 commandes pour des avions d'affaires. Elle a réussi à regarnir quelque peu le carnet de commandes avec 20 commandes pour des avions d'affaires et 50 pour des avions commerciaux. Dans ce dernier cas, il s'agit essentiellement des commandes pour la CSeries, la nouvelle famille d'appareils de 110 à 130 places. L'avionneur est cependant encore bien loin des 118 commandes de la même période de l'exercice précédent, avec 60 avions d'affaires et 58 avions commerciaux.

«Les mois de décembre, janvier, février, mars, ont été très lents, il y a eu beaucoup d'annulations et de reports, les commandes nouvelles étaient très rares, mais nous avons vu un certain changement en avril et en mai, a déclaré M. Hachey. Nous sentons que les choses ne s'améliorent peut-être pas, mais elles ont arrêté de baisser.»

Pour l'instant, Bombardier Aéronautique n'entend pas réduire à nouveau ses cadences de production après avoir annoncé deux diminutions en février et en avril derniers. Elle compte toujours augmenter de 10% ses livraisons d'avions commerciaux, en raison surtout de la popularité du turbopropulseur Q400. Toutefois, l'un des principaux clients du Q400, Horizon Air, a demandé le report de certaines livraisons, ce qui pourrait amener Bombardier à annuler l'augmentation de cadence prévue à l'usine de Havilland, à Toronto.

«Nous n'avons pas encore d'entente avec Horizon, a indiqué M. Hachey. C'est sûr que ça pourrait avoir un impact, mais nous avons d'autres clients qui pourraient prendre ces positions de livraison.»

L'entreprise pense encore être en mesure d'annoncer de nouvelles commandes pour la CSeries avant la fin de l'année. «Nous avons une liste assez longue de clients potentiels, mais comme nous l'avons vu avec Lufthansa, les négociations peuvent prendre plus de temps que prévu, a déclaré M. Hachey. Dans l'environnement actuel, les compagnies pensent surtout à la survie au cours des prochains trimestres. Lorsqu'elles font face à de gros investissements d'un ou deux milliards, c'est peut-être plus difficile d'aller au conseil d'administration pour demander une autorisation.»

La division ferroviaire de Bombardier est beaucoup moins touchée par le ralentissement économique.

«Nous ne croyons pas que la récession qui sévit actuellement dans la plupart des pays industrialisés ait une incidence importante sur l'industrie du transport, a affirmé André Navarri, le président de Bombardier Transport. Les indicateurs de base de l'industrie demeurent solides, un grand nombre de nos clients prévoyant des commandes de remplacement importantes dans les années à venir.»

Il a toutefois noté que l'entreprise demeurait prudente.

«Nous surveillons de près les retards que le resserrement du crédit pourrait engendrer dans l'avancement de certains projets de transport public», a-t-il déclaré.

47,4 milliards US

Carnet de commandes totales de Bombardier au 30 avril 2009

22,4 milliards US

Carnet de commandes de la division aéronautique

2,7 milliards US

Trésorerie de l'entrprise à la fin du premier trimestre

 

Un décollage difficile en 2009

Résultats du 1er trimestre terminé le 30 avril

(en millions de $US, sauf le bénéfice par action)

2009 / 2008

Revenus 4471 / 4789

Profit net 158 / 229

Profit par action 9 cents US / 13 cents US