Malgré les mises à pied annoncées la semaine dernière chez Bell Helicopter à Mirabel et Bombardier aéronautique à Montréal, le gouvernement fédéral ne voit pas de raison de mettre sur pied un programme d'aide à l'industrie aérospatiale.

De passage à l'Agence spatiale canadienne, lundi à Longueuil, le ministre de l'Industrie et responsable de l'Agence, Tony Clement, et son collègue des Travaux publics, Christian Paradis, ont tous deux dit croire que l'industrie est en assez bonne posture pour passer au travers de la crise.

Les deux ministres ont rappelé que l'annonce de mises à pied chez Bombardier en raison d'une baisse de demande pour les avions d'affaires était aussi accompagnée d'une annonce d'embauche pour les avions commerciaux.

Le ministre Paradis a par ailleurs fait valoir que le dernier budget comprenait des mesures du côté de l'assurance-emploi et de la formation pour soutenir les personnes qui perdent leur emploi, en plus d'autres mesures pour faciliter l'accès des entreprises au crédit dont l'industrie aérospatiale pourrait se prévaloir.

Selon le ministre Paradis, «la situation est vraiment différente» entre les industries automobile et aérospatiale.

«En matière aérospatiale, on est des leaders, des chefs de file ici dans la région de Montréal», a dit M. Paradis.

Tony Clement, pour sa part, a soutenu que le gouvernement venait aussi en aide à l'industrie aérospatiale par le biais de ses achats d'équipements militaires.

«Nous n'avons pas encore donné d'argent à l'industrie automobile, a dit le ministre Clement. Ils (les constructeurs automobiles nord-américains) n'ont pas encore respecté les conditions que nous avions fixées. Ce sera sur une base d'affaires, parce que nous voulons maintenir notre part de 20 pour cent de l'industrie automobile en Amérique du Nord, ce qui est important pour l'ensemble du pays, pas seulement pour l'Ontario.

«Dans l'aérospatiale, nous avons une industrie solide qui sera encore ici dans l'avenir. Elle va continuer de bénéficier de notre soutien, de nos mesures fiscales et de nos investissements. Il n'est pas nécessaire d'aller plus loin pour l'instant», a ajouté le ministre de l'Industrie.

Réagissant à ces propos, le président de l'Association des industries aérospatiales du Canada, Claude Lajeunesse, a reconnu que l'industrie était effectivement en bonne posture, mais il estime que cette situation pourrait se détériorer.

Il a rappelé que le premier ministre Stephen Harper lui-même avait promis 200 millions $ pour soutenir la recherche et le développement dans le secteur aérospatial.

«Le premier ministre avait promis 200 millions $ (....) et ce 200 millions $ ne se retrouve pas dans le budget, a dit M. Lajeunesse en entrevue. Je pense que c'est très important pour notre industrie, si on veut qu'elle soit compétitive dans les prochaines années, que cette somme soit investie.»

Selon M. Lajeunesse, les fabricants canadiens sont confrontés à des concurrents qui, eux, sont soutenus par leurs gouvernements. Il affirme que, sans aide gouvernementale, l'industrie ne sera pas prête à profiter de la reprise dans les prochaines années.

M. Lajeunesse a également rappelé que l'industrie a demandé à Ottawa de revoir au plus tôt les procédures d'achat d'équipement militaire afin d'assurer un maximum de retombées pour l'industrie canadienne, mais que les gestes requis se font toujours attendre.

Le 2 février dernier, Bell Helicopter annonçait la mise à pied de 500 des 2100 travailleurs de son usine de Mirabel pour une période de trois mois, en raison du ralentissement économique.

Trois jours plus tard, Bombardier aéronautique devait se départir de 1360 travailleurs, dont 710 à Montréal, en raison d'un ralentissement dans les ventes d'avions d'affaires. En contrepartie, l'avionneur annonçait l'embauche de 830 personnes pour ses activités liées aux avions commerciaux.

Les ministres Clement et Paradis étaient à l'Agence spatiale pour y rencontrer les employés et faire la promotion du budget fédéral, qui a alloué 110 millions $ sur trois ans à l'Agence afin de permettre à celle-ci de poursuivre ses travaux en matière de robotique spatiale.

Après les bras canadiens et le robot Dextre, l'Agence travaille désormais à la conception de véhicules tout-terrain pour l'exploration planétaire en vue d'éventuelles missions sur la Lune ou sur Mars.