Alors que ses activités tournent au ralenti à Mirabel, Bell Helicopter espère remettre la main sur un important contrat militaire américain.

La concurrence s'annonce cependant féroce: Eurocopter et Boeing ont déjà fait savoir qu'ils entreront dans la course.«N'importe quelle compagnie qui fait des hélicoptères a le devoir de s'intéresser à ce qui sera demandé, a déclaré le directeur du développement des affaires de Bell Helicopter Textron Canada, Michel Legault, au cours d'un entretien téléphonique avec La Presse Affaires. Ce sont des chiffres importants étalés sur plusieurs années.»

En octobre dernier, l'armée américaine a annulé un juteux contrat de 8,3 milliards US qu'elle avait accordé à Bell Helicopter trois ans auparavant. Ce contrat portait sur la fourniture de 512 appareils ARH (Armed Reconnaissance Helicopter), basés sur l'hélicoptère commercial Bell 407.

Complexe et onéreux

Les appareils devaient être assemblés à Mirabel et dotés d'équipement militaire dans les installations de Bell Helicopter au Texas. Ce processus de «militarisation» s'est révélé particulièrement complexe et onéreux. Les coûts du programme ont explosé: les coûts de développement sont passés de 359 millions US à 942 millions US, alors que le coûts d'achat de chaque appareil est passé de 8,56 millions à 14,48 millions US.

En outre, la date de la première livraison a glissé de 2009 à 2013.

Le 16 octobre 2008, le Pentagone a fait savoir qu'il mettait fin au programme et que l'armée américaine allait en définir un plus cohérent et plus discipliné.

M. Legault avait alors déclaré à La Presse qu'il s'agissait d'une mauvaise nouvelle mais qu'il n'y aurait pas vraiment d'impacts négatifs à Mirabel. C'est que, à l'époque, le carnet de commandes de Bell était plein. Pour certains modèles, il pouvait représenter trois ou quatre années de production. Des employés devaient faire des heures supplémentaires pour répondre à la demande.

En quelques mois, les choses ont bien changé. En raison d'une hausse de son stock d'hélicoptères, Bell Helicopter a éliminé des postes contractuels et temporaires et a diminué la semaine de travail de cinq à quatre jours pour cinq semaines au début de l'année.

M. Legault a indiqué cette semaine que l'entreprise n'avait pas encore décidé si elle allait poursuivre dans cette veine, revenir à la semaine normale ou prendre d'autres mesures. Il pourrait même être question de mises à pied.

Des possibilités

«Ça fait partie des possibilités, mais pour l'instant, ce n'est pas ce que nous regardons, a déclaré M. Legault. Nous regardons plutôt du côté de la modulation de la capacité de production, comme nous le faisons actuellement.»

Les appareils commerciaux de Bell Helicopter servent divers marchés qui connaissent plus ou moins de difficultés.

«Les secteurs ambulancier et paragouvernemental sont plus ou moins touchés par le ralentissement, même si certaines villes sont plus prudentes que d'autres, a indiqué M. Legault. Il y a de l'incertitude dans les mines. Et le secteur pétrolier n'est pas facile, avec un pétrole qui est même passé à moins de 35$ le baril.»

Les entreprises pétrolières se servent notamment des hélicoptères pour avoir accès aux plateformes de forage.

Le resserrement du crédit a également eu un effet sur certains clients.

Dans ce nouvel environnement, le programme de l'ARH prend donc un attrait renouvelé pour Bell Helicopter. Un comité de l'armée américaine devrait prendre une décision sur les nouvelles spécifications en février ou en mars, et l'armée devrait par la suite lancer un appel d'offres.

Il reste à savoir si les spécifications seront semblables à celles qui avaient été établies pour le premier programme. La participation de Bell Helicopter dépendra de ces spécifications.

«Nous n'avons pas fermé la porte, a déclaré M. Legault. Nous allons regarder les nouvelles demandes. Si nous voyons que notre hélicoptère peut faire le travail, nous allons sérieusement considérer de faire une proposition. Mais si ces spécifications nous excluent, nous n'allons pas gaspiller d'argent, parce que c'est très onéreux de faire une proposition.»

Eurocopter a déjà fait savoir qu'elle proposera une version modifiée de son appareil EC145, alors que Boeing entend proposer une version allongée de son appareil AH-6 Little Bird ou une version allégée de son appareil AH-64 Apache Light.