Les Canadiens ont davantage voyagé en train en 2008, mais le ralentissement économique a fait dérailler le transport de marchandises. Résultat: l'industrie ferroviaire dresse un bilan plutôt sombre de l'année 2008 et aborde le Nouvel An avec une certaine appréhension.

«Ça a été une année difficile, commente Roger Cameron, directeur des affaires publiques pour l'Association des chemins de fer du Canada (ACFC). Ça a bien commencé, mais l'économie est venue gâcher le portrait.»

L'industrie ferroviaire avait connu une année record en 2007 avec des recettes d'exploitation de 10,7 milliards de dollars. Même si les chiffres définitifs de 2008 ne sont pas encore connus, M. Cameron sait déjà qu'on n'atteindra pas ces sommets.

Le coupable est évidemment la crise économique, qui a ralenti l'importation de biens en Amérique du Nord et fait fléchir les exportations de matières premières vers l'étranger. Autant de marchandises qui n'ont pas voyagé par train avant ou après leur arrivée au port.

Une chute de 1,4%

Les données les plus récentes de Statistique Canada montrent que le transport de marchandises a chuté de 1,4% en septembre par rapport à l'année précédente. Les baisses les plus prononcées ont été observées dans les céréales, la potasse, le minerai de fer et le bois d'oeuvre. M. Cameron a rappelé qu'une bonne partie des biens qui entrent aux États-Unis en provenance de l'étranger transitent d'abord par le Canada.

«Le système ferroviaire canadien transporte chaque jour l'équivalent d'un train de 100 milles de long (160 km) entre le Canada et les États-Unis», dit-il.

Le Canadien Pacifique [[|ticker sym='T.CP'|]], qui dépend davantage du trafic international que le CN, a été plus touché par la crise économique.

L'entreprise a vu son bénéfice diminuer de 7% pendant les neuf premiers mois de l'année si on exclut les effets du taux de change et les autres éléments inhabituels,

«L'incertitude qui règne dans l'économie mondiale annule les effets positifs, sur nos résultats financiers, de la baisse du prix du pétrole brut et de l'affaiblissement de la valeur du dollar canadien par rapport à la devise américaine», avait expliqué Kathryn McQuade, chef des services financiers, lors de la divulgation des résultats en octobre.

Le CP a aussi dû composer avec des inondations aux États-Unis qui ont rendu une partie de son réseau impraticable. L'action du CP a perdu 36% en 2008.

Le CN [[|ticker sym='T.CNR'|]] s'en est mieux sorti en réussissant à maintenir le même bénéfice net que l'an dernier au cours des neuf premiers mois.

Son action a perdu 3% au cours de l'année. «Pour l'avenir, l'incertitude qui caractérise le paysage économique en Amérique du Nord et dans le monde imposera des défis au CN et à ses clients», dit le grand patron, Hunter Harrison, qui affirme du même souffle que le CN est «en bonne position pour tenir le coup malgré des vents contraires».

Nouveau terminal

Mais tout n'a pas été noir pour le transport de marchandises au cours de l'année.

Un nouveau terminal de conteneurs au port de Prince Rupert a fait augmenter l'activité ferroviaire dans cette région, et tant le CP et le CN ont progressé dans leurs projets d'acquisitions. Le CP a reçu l'approbation pour sa prise de contrôle de la Dakota, Minnesota&Eastern Railroad, de l'Iowa, Chicago&Eastern Railroad et de la Cedar American Rail Holdings.

Le CN a aussi conclu des ententes qui l'aideront à boucler son acquisition de l'Elgin, Joliet and Eastern Railroad de la U.S. Steel.

Le CN a aussi acquis des lignes de la Société des chemins de fer du Québec à l'automne.

Le nombre de passagers en hausse

Si le transport de marchandises a été difficile en 2008, il en a été autrement de celui des passagers. «La montée du prix de l'essence au début de l'année a amené plus de gens vers le train, dit Roger Cameron, de l'ACFC. On a vu l'impact sur les gens qui utilisent le train pour aller au travail, mais aussi du côté des voyages entre les villes. Plus de gens ont pris le train au lieu de l'avion dans le triangle Montréal-Toronto-Ottawa.»

La bonne nouvelle, c'est que ces nouveaux usagers semblent être restés fidèles au train quand le prix de l'essence a redescendu par la suite.

«Les gens qui ont goûté aux bénéfices du transport par rail ont continué à l'utiliser», croit M. Cameron.

Si les chiffres de VIA Rail ne sont pas encore connus, l'ACFC jute que le nombre d'usagers de VIA a "nettement augmenté en 2008", notamment au Québec et en Ontario.

M. Cameron espère maintenant que l'inquiétude des consommateurs ne les amènera pas à diminuer leurs déplacements. Quoi qu'il en soit, il se montre inquiet pour 2009.

«Ça va être une année serrée», dit-il.