Au terme d'un exercice marqué par une hausse des profits, mais également par la découverte d'irrégularités entourant la vente de prêts hypothécaires, la rémunération globale des cinq principaux dirigeants de la Banque Laurentienne a atteint près de 9 millions en 2017.

Il s'agit d'une croissance d'environ 6% par rapport à l'année financière précédente.

Ces informations entourant le salaire total - qui combine des éléments comme le salaire de base, les primes ainsi que les contributions aux régimes de retraite - figurent dans la circulaire de sollicitation envoyée aux actionnaires de la Laurentienne en vue de son assemblée annuelle du 10 avril à Montréal, et qui a été déposée cette semaine auprès des autorités réglementaires.

L'institution financière québécoise a terminé l'exercice 2017 en générant des profits nets de 206,5 millions, ou 5,40 par action, en hausse de 36%, alors que son chiffre d'affaires a grimpé de neuf pour cent, à 996 millions.

«Deux années après le début de son plan de transformation de sept ans, la banque avance déjà à grands pas vers ses objectifs», fait valoir l'institution dans la circulaire envoyée à ses porteurs de titres.

La rémunération globale du président et chef de la direction, François Desjardins, a atteint 3,15 millions, en hausse de cinq pour cent comparativement à l'exercice 2016. Le salaire de base du banquier de 47 ans a été de 555 500.

Cette augmentation de la paye totale d'une année à l'autre est notamment attribuable à ses attributions fondées sur des actions, qui ont bondi de 32 pour cent pour atteindre 1,67 million. Toutefois, sa prime annuelle a fléchi à 627 000, alors qu'elle avait été de 847 000 en 2016.

Le recul découle entre autres d'une entente entre la direction et le comité des ressources humaines visant à réduire «à la hauteur des attentes» la cote de rendement entourant la performance individuelle de la haute direction.

Cela vise, explique-t-on, à refléter la «récente problématique» visant certains prêts hypothécaires.

«Les cibles de performance n'ont pas été abaissées pour l'exercice 2017, a assuré par courriel la vice-présidente adjointe aux communications de la Laurentienne, Hélène Soulard. Cela (l'entente) se reflète sur la rémunération incitative.»

En décembre, la Laurentienne avait révélé qu'elle devait racheter des prêts hypothécaires jugés problématiques vendus à un tiers. Dans le cadre de sa plus récente mise à jour, la banque estimait que cela pourrait lui coûter jusqu'à 392 millions, soit plus cher que prévu.

Les vérifications des quelque 1900 prêts accordés dans ses succursales et vendus à un tiers acheteur qui n'a pas été identifié devraient être terminées à la fin du deuxième trimestre.

Celui-ci avait découvert des problèmes entourant la documentation, comme des fausses déclarations faites par des clients. Selon la Laurentienne, les problèmes en question étaient surtout liés à des prêts qui avaient été mal identifiés. La banque avait précisé qu'elle n'avait rien trouvé qui peut lui laisser croire qu'il s'agissait d'actes malveillants.

Estimant que les résultats de la Laurentienne avaient été «bons» en 2017, le directeur général de l'Institut sur la gouvernance d'organisations privées et publiques (IGOPP), Michel Nadeau, a jugé que les primes incitatives étaient raisonnables.

«Il y a eu un pépin avec le dossier des prêts hypothécaires, a-t-il dit. Une faille de supervision qui aurait peut-être pu être mieux vérifiée. Mais dans l'ensemble, l'impact n'est pas significatif jusqu'à maintenant.»

Au terme du dernier exercice, les patrons des six principales institutions financières au Canada - excluant la Laurentienne - ont vu leur rémunération globale s'établir à près de 70 millions, ce qui constitue une progression de 9% par rapport à l'année précédente.

Pour sa part, le président et chef de la direction du Mouvement Desjardins, Guy Cormier, a vu sa paye totale s'établir à 2,76 millions. Ajustée sur 12 mois, il s'agit d'une hausse de 7,4%.