L'économie québécoise se « porte très bien », notamment pour la création d'emplois et le surplus budgétaire à Québec, et ce « momentum pas mal bon » devrait se continuer et même s'accentuer au cours de 2017, a indiqué le président de la Banque Nationale, Louis Vachon, lors d'une conférence d'investisseurs et de hauts dirigeants bancaires, hier à Toronto.

Cette conjoncture économique s'annonce favorable pour les affaires des banques et, surtout, la continuité de ces efforts de « transformation » afin d'être plus efficaces et compétitives dans un marché qui, a rappelé M. Vachon, est bousculé par l'essor des technologies de gestion interne et de services aux clients.

En contrepartie, comme ses concurrentes, la Banque Nationale doit s'adapter aux resserrements de la réglementation financière, comme dans les prêts hypothécaires, qui peuvent influer sur son plan d'affaires.

À ce sujet, Louis Vachon a confirmé lors de la conférence que, même si la Nationale prévoit être moins touchée que ses concurrentes par ces nouvelles normes hypothécaires, elle a tout de même réduit presque de moitié ses attentes de croissance dans ce marché en 2017.

« Parce que notre marché hypothécaire est concentré à près de 70 % au Québec, où le marché immobilier est près d'un bon équilibre, dans la région de Montréal notamment, nous serons moins affectés par ces nouvelles normes que chez nos principales concurrentes. » - Louis Vachon, président de la Banque Nationale

« Cela dit, nous avons quand même abaissé de 4 % à 2,5 % notre prévision de croissance dans le marché hypothécaire. Nous nous attendons à une croissance moindre de notre volume de prêts hypothécaires cette année par rapport à ce que nous avions prévu auparavant. »

ÉTATS-UNIS

Parmi les autres hauts dirigeants bancaires à la conférence de Toronto, hier, on a plutôt fait état des perspectives de développement des grandes banques canadiennes aux États-Unis.

En fait, ces banques comme la Royale, la Scotia et BMO, qui ont déjà d'importantes activités aux États-Unis, s'attendent à profiter des politiques favorables à la croissance économique qui sont annoncées par la nouvelle administration du président désigné Donald Trump.

D'ailleurs, les valeurs boursières des banques régionales américaines - principales concurrentes des filiales des banques canadiennes aux États-Unis - ont monté en flèche depuis la victoire de Trump lors de l'élection présidentielle du 8 novembre.

Cette appréciation est soutenue par la perspective de taux d'intérêt plus élevés, d'une réglementation bancaire plus souple et d'un abaissement des taux d'imposition des entreprises.

À la Banque Royale, le président et chef de la direction, Dave McKay, a dit s'attendre à ce que la banque bénéficie des changements annoncés par le nouveau président. Aussi, la Royale veut se développer davantage aux États-Unis dans la foulée de l'acquisition de la banque régionale City National, établie à Los Angeles, en 2015.

« Nous entrevoyons une croissance plus forte aux États-Unis, nous anticipons une politique de croissance de la nouvelle administration. Cela pourrait conduire à des taux d'intérêt plus élevés, ce qui serait très bon pour nos activités bancaires aux États-Unis. » - Dave McKay, président et chef de la direction de la Banque Royale

À la Banque de Montréal (BMO), le chef de la direction, Bill Downe, a également indiqué qu'il s'attendait à une accélération de la croissance aux États-Unis.

« De toute évidence, la nouvelle administration [Trump] se penchera vers plus de mesures de stimulation d'origine budgétaire que ce que l'on a actuellement aux États-Unis. En contrepartie, les mesures de stimulation de type monétaire [taux d'intérêt bas] s'atténueront. Ces deux tendances [de politique économique] devraient être bonnes pour les affaires et les investissements en capital de nos clients bancaires aux États-Unis », a indiqué Bill Downe.

TD AMBITIEUSE

À la Banque Toronto-Dominion (TD), le président et chef de la direction, Bharat Masrani, a souligné « qu'il y aura une réforme de la fiscalité des entreprises, il y aura plus de dépenses d'infrastructure, il y aura moins de fardeau réglementaire pour l'industrie en général, pas seulement pour les banques. Tout cela est stimulant pour l'économie ».

Plus spécifiquement, la TD examinera les possibilités d'expansion par acquisition dans le sud-est des États-Unis. Elle voudrait aussi augmenter ses activités de cartes de crédit au sud de la frontière.

La TD, qui est la deuxième banque en importance au Canada selon les revenus, est devenue l'une des 10 plus grandes banques aux États-Unis, où elle compte un réseau de 1300 succursales qui desservent quelque 9 millions de clients.

- Avec Thomson Reuters et La Presse canadienne