La banque britannique Barclays (BCS) va supprimer au moins 3700 emplois cette année, dans le cadre d'un plan stratégique annoncé mardi par son nouveau patron Antony Jenkins, qui veut réaliser des économies et restaurer la réputation de l'établissement touché par une série de scandales.

barclays, qui emploie aujourd'hui 140 000 personnes, va supprimer 1900 postes dans l'activité de détail et de services aux entreprises en Europe, avec la fermeture de 30% des agences sur le continent, et 1800 postes dans la banque d'investissements.

Le groupe tricentenaire, qui veut réaliser 1,7 milliard de livres (près de 2,7 milliards de dollars CAN) d'économies annuelles en 2015, va se concentrer sur le Royaume-Uni, les États-Unis et l'Afrique, au détriment de l'Asie et de l'Europe continentale.

«Barclays est en train de changer. Nous voulons changer ce que fait Barclays et la façon dont nous le faisons», a déclaré le directeur général Antony Jenkins, nommé l'an dernier à la suite de la chute de son prédécesseur Bob Diamond en raison du scandale des manipulations du taux interbancaire Libor.

La banque, qui a par ailleurs dû passer de lourdes provisions pour régler les contentieux liés à des ventes abusives de produits financiers, a réalisé une perte nette de 1,04 milliard de livres (1,6 milliard CAN) l'an dernier, contre un bénéfice de 3 milliards de livres en 2011.

Elle devra en effet rembourser des PME à qui elle a vendu abusivement des produits de couverture destinés à fournir une protection contre les variations de taux d'intérêt et dédommager des particuliers à qui elle a vendu en force des assurances crédit.

Barclays fait aussi face à des enquêtes aux États-Unis et les autorités britanniques enquêtent sur les conditions d'une levée de fonds au Moyen-Orient, qui lui a évité une aide publique en 2008.

Soucieuse de redorer son blason après cette série d'affaires qui a terni son image, la banque a annoncé mardi qu'elle arrêtait de conseiller ses clients sur la manière de payer le moins d'impôts possible et cessait de spéculer sur les matières premières agricoles, une activité accusée par certaines ONG de contribuer à la faim dans le monde.

Les bonus, très impopulaires au Royaume-Uni en ces temps d'austérité et parfois accusés de favoriser la prise de risque, seront en baisse de 13% dans l'ensemble de la banque et de 17% dans la banque d'investissement, là où ils sont les plus élevés.

«Nous n'avons pas à choisir entre bien nous comporter et bien nous porter financièrement», a assuré devant la presse M. Jenkins.

Le dirigeant a souhaité prendre ses distances avec son prédécesseur Bob Diamond, qui avait développé les lucratives activités de banque d'investissements mais au prix d'une culture d'entreprise souvent jugée agressive.

Il avait ainsi écrit en janvier aux salariés du groupe pour leur demander de se comporter de manière éthique ou bien de quitter l'entreprise. Mais «cela prendra des années avant que les gens changent l'impression qu'ils ont de nous», a-t-il reconnu mardi sur la BBC.

À la Bourse de Londres, l'action Barclays se maintenait en tête de l'indice FTSE-100 des principales valeurs mardi en milieu de séance. Le titre bondissait de 5,80% à 319 pence vers 12H20 GMT (7h20 au Québec).

«Les chiffres annoncés aujourd'hui sont solides et le plan stratégique offre un rayon de lumière dans un secteur sinistré», a salué Ian Gordon, analyste chez Investec.