La Banque Royale entend protéger et renforcer même ses parts de marché au Québec en dépit des ambitions de ses principales concurrentes.

Pour relever ce défi, admet son nouveau président régional, la plus grande banque du Canada sait qu'elle doit réussir divers projets visant une meilleure proximité avec la clientèle de particuliers et de PME.

Succursales réaménagées en «boutiques» plus conviviales, minisuccursales d'insertion dans des marchés locaux, partenariats exclusifs avec des chaînes de magasins, démarchage ciblé parmi les groupes d'employés des entreprises clientes.

«C'est dans ces marchés locaux que se gagne maintenant la bataille. Ce sont les tranchées du marché des services bancaires aux particuliers et aux PME», explique Martin Thibodeau, président de la Direction du Québec à la Banque Royale (RBC).

C'est sa première entrevue depuis sa nomination comme numéro un de la banque au Québec. C'était il y a sept mois, à sa 29e année chez RBC à gravir les échelons dans diverses directions régionales, dont la direction nationale à Toronto.

Au Québec, Martin Thibodeau dirige maintenant le troisième fournisseur de services bancaires selon les parts de marché, après la Banque Nationale et le Mouvement Desjardins.

Sous sa supervision: quelque 165 places d'affaires pour les particuliers et les PME qui regroupent 3000 employés et atteignent 73 milliards en actif de prêts et de dépôts. La Royale vient aussi d'ajouter 2 vice-présidents régionaux (Outaouais/Abitibi et Estrie/Beauce) à sa Direction du Québec, qui en compte maintenant 10.

Malgré l'ampleur de ce qu'il préside, M. Thibodeau a décidé de donner la priorité à des projets à l'échelle locale afin de dynamiser la croissance de base de RBC au Québec.

«Nous avons une marque de commerce déjà reconnue et un réseau de succursales bien établi. Mais dans certains marchés de croissance comme les PME, par exemple, nous sommes encore perçus comme la banque des grandes entreprises, ce qui est un mythe», selon M. Thibodeau.

Il estime les parts de marché de la Royale au Québec à 14% environ pour les services aux particuliers, et à «près de 20%» dans les services aux entreprises et aux institutions. Ces parts seraient demeurées stables et même en faible croissance au cours des dernières années, malgré les efforts significatifs de banques concurrentes comme la TD, la Scotia et la Nationale.

Martin Thibodeau accorde d'emblée à sa celle qui l'a précédé, Micheline Martin, le mérite de cette bonne tenue comparative de RBC au Québec. Mais il croit possible d'accroître encore les parts de marché au Québec, en misant surtout sur des projets de proximité.

Dans le réseau de succursales, la banque prévoit continuer d'investir «de 25 à 30 millions» par an en rénovations, en réaménagements et en déménagements.

Mais pour l'ajout de succursales, la RBC mise sur deux concepts au Québec. D'une part, elle aménage des «boutiques RBC» qui combinent un accueil personnalisé, un aménagement convivial et le dernier cri en matière de technologies de présentation aux clients.

D'autre part, RBC crée des minisuccursales qui peuvent fonctionner avec seulement cinq employés en ayant recours à l'automatisation très poussée de la tenue de caisses.

Montréal a d'ailleurs un mandat de «marché-pilote» de ces minisuccursales pour RBC dans tout le Canada. La première ouverte à l'intersection des rues Jean-Talon et Namur, dans un quartier résidentiel en réaménagement, aurait des résultats meilleurs que prévu, selon M. Thibodeau.

Par ailleurs, RBC ajoute des alliances avec des chaînes de magasins afin d'y introduire des services bancaires aux particuliers, mais aussi ses propres représentants.

Ce sera bientôt le cas dans quelques magasins Pharmaprix au Québec, en ajout de la vingtaine de guichets automatisés qui y sont déjà. RBC gère aussi les cartes de paiement à points bonis de la chaîne Pharmaprix.

Dans quelques mois, aussi, RBC accompagnera l'ouverture de dizaines de grands magasins Target au Canada et au Québec en émettant ses premières cartes de paiement à points bonis spécifiques.