Quelles grandes banques canadiennes hausseront leurs dividendes au terme du dernier trimestre de leur exercice financier? Les paris sont ouverts alors que débute cette semaine une nouvelle ronde de dévoilements de résultats bancaires. La Banque de Montréal et la Scotia ouvrent le bal demain, suivies des quatre autres grandes banques jeudi et de la Banque Laurentienne, vendredi.

Les analystes du service de recherche institutionnel de la CIBC estiment que la Scotia et la Toronto-Dominion, leurs deux titres bancaires favoris, ont le plus de chances d'augmenter, bien que de peu, leur ristourne trimestrielle. La TD en aura la capacité grâce à la croissance de ses affaires. Pour sa part, la CIBC aura l'occasion de se rattraper, son dividende n'ayant pas été bonifié depuis un an.

La firme Barclays Capital mise pour sa part sur la Banque Nationale en raison de la constante progression les activités de prêt dans son marché et sur la Banque Scotia pour son potentiel de croissance à l'international. «Comme les dividendes dominent dans les évaluations des banques canadiennes, nous croyons que les investisseurs devraient se concentrer sur la croissance des bénéfices potentiels», explique l'analyste financier John Aiken.

La Banque Royale et la Banque de Montréal ne sont pas en reste. Ces deux dernières figurent avec la CIBC sur la liste de Desjardins Marchés des capitaux. Selon l'analyste Michael Goldberg, il y aurait plus de 50% de chance que la Banque de Montréal majore son dividende. «Pour les banques, augmenter le dividende est une preuve de confiance; pas de hausse, quand cela paraîtrait justifié, exprime une inquiétude», souligne l'analyste. En tous les cas, les hausses attendues ne sont que de deux cents par action.

Les banques canadiennes redistribuent près de la moitié de leurs profits en dividendes. Aux cours actuels, les titres bancaires rapportent un rendement en dividendes entre 4% et 5%, ce qui se compare avantageusement au rendement des titres commerciaux à long terme.

Pour l'ensemble de l'industrie, ce dernier trimestre, le troisième de l'exercice bancaire, s'annonce sans surprise avec un ralentissement de la croissance des bénéfices, à 4% par rapport au trimestre précédent ou 12% comparé à la même période de l'année dernière, selon Desjardins. «Avec la majeure partie de l'Europe en récession et l'économie américaine décevante depuis le début de la crise financière il y a cinq ans, le Canada a l'air d'un îlot de prospérité», relativisent pour leur part les analystes de la CIBC.

Le potentiel de croissance des banques est toutefois limité pour la suite de l'exercice et encore en 2013 vu les signes de fatigue des consommateurs canadiens, l'endettement élevé des ménages et la contraction des marges d'intérêt alors que les taux ne sont pas prêts d'augmenter. La bulle immobilière serait par ailleurs surfaite, le crédit ayant déjà commencé à se dégonfler.

Le risque européen serait aussi exagéré. Les banques canadiennes sont peu exposées aux pays européens périphériques en crise. Elles ont prêté aux pays les plus stables et les économies les plus solides de l'Europe, soit le Royaume-Uni, l'Allemagne et la France, rappellent les trois analystes de la CIBC.

Les revenus tirés des activités de courtage auraient fondu de 10% au troisième trimestre, par rapport au trimestre précédent, suivant en cela l'affaiblissement du marché depuis le début de l'année. Les chiffres demeurent tout de même supérieurs à ceux du troisième trimestre de 2011 qui avait été encore plus éprouvant.

Cela dit, avec leur solide capitalisation, leur forte rentabilité, les augmentations de dividendes en cours et les flux d'encaisse réguliers, les multiples boursiers appliqués aux banques ne devraient pas céder avec le marché et le cours des actions bancaires devrait suivre la lente progression de leurs bénéfices, croient les analystes financiers de la CIBC.

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LE RENDEMENT DES BANQUES

[Banque / Cours / Variation depuis le début de l'année / Rendement en dividendes]

Banque Royale / 53,73$ / 3,9% / 4,3%

Banque Toronto-Dominion / 80,77$ / 6,2% / 3,6%

Banque Scotia / 52,46$ / 3,5% / 4,0%

Banque de Montréal / 57,62$ / 3,6% / 4,9%

Banque Nationale / 73,39$ / 2,0% / 4,3%

Banque Laurentienne / 47,13$ / -1,0% / 4,0%