Les prochains résultats des banques canadiennes laissent présager de profits encore en hausse grâce à la bonne tenue de l'économie du Canada pendant que ses principaux partenaires revivent des tensions financières et de l'anxiété économique.

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Toutefois, cette autre augmentation de profit au deuxième trimestre - prévue autour de 6% par les analystes - devrait s'avérer un peu moindre ou à peine équivalente à celle réalisée au trimestre précédent, sur une base annualisée.

Les énoncés de résultats du deuxième trimestre commencent aujourd'hui avec la Banque de Montréal (BMO), suivie par les banques Royale et TD demain. Les résultats des trois autres banques d'importance - la Scotia, la CIBC et la Banque Nationale - seront annoncés la semaine prochaine (voir le tableau).

Selon les analystes, le montant cumulatif des profits des banques au trimestre terminé le 30 avril devrait être un peu inférieur à celui déclaré au trimestre précédent.

La raison de cette rentabilité moins plantureuse? C'est qu'en dépit d'un bon volume de prêts parmi les consommateurs et les entreprises qui voulaient profiter des taux d'intérêt très bas, la concurrence entre les banques s'est avivée considérablement au cours des derniers mois.

À un certain moment, on a vu un taux d'intérêt d'à peine 2,9% sur des prêts hypothécaires d'une durée de cinq ans.

Par conséquent, les analystes s'attendent à ce que les banques aient subi au cours du deuxième trimestre des pressions baissières sur leur marge nette d'intérêt, qui est une composante majeure de leur rentabilité d'ensemble.

«Je m'attends à ce que la vive concurrence dans le marché des prêts hypothécaires qu'on a vue ce printemps ait eu plus d'impact que prévu sur la rentabilité des banques au deuxième trimestre», selon Mario Mendonca, analyste du secteur financier chez Canaccord Genuity.

En contrepartie, les analystes croient que les banques ont profité de l'effervescence boursière durant les premiers mois de l'année pour rehausser les résultats de leurs importantes filiales des marchés financiers.

Ces résultats sont parmi les plus volatils dans les états financiers des banques. Néanmoins, on s'attend à un deuxième trimestre consécutif très payant à cet égard parmi les principales banques canadiennes.

«La récente performance financière des banques d'investissement aux États-Unis suggère que les six grandes banques canadiennes devraient aussi avoir réalisé de solides résultats dans leurs filiales des marchés financiers. Au moins équivalents à ceux du trimestre précédent», souligne l'analyste Peter Routledge, spécialiste des entreprises financières à la Financière Banque Nationale.

Quant aux résultats des activités de base des banques, en particulier le crédit aux particuliers et aux entreprises, le pronostic des analystes s'avère plutôt ambivalent.

Certains estiment que les banques ont maintenu la croissance de leurs activités de prêts au deuxième trimestre grâce notamment à l'attrait de taux d'intérêt très faibles.

Si elle s'avère, cette tendance irait à l'encontre des avertissements contre le surendettement personnel qui ont été lancés par des autorités financières comme la Banque du Canada.

Ce surendettement des ménages canadiens serait même la «principale menace» au profil de risque des banques canadiennes, selon l'agence de notation Fitch Ratings, qui évalue cet encours à 912 milliards de dollars.

Par ailleurs, d'autres analystes appréhendent un coup de frein qui serait survenu ce printemps dans de grands marchés du crédit en Ontario et au Québec.

S'il se confirme, ce freinage du crédit pourrait ternir les prochains résultats des banques et, du coup, leur potentiel de rendement boursier à moyen terme.

Potentiel à l'étranger

C'est pourquoi des analystes comme Peter Routledge, de la Financière Banque Nationale, recommandent aux investisseurs de privilégier les actions de banques canadiennes ayant le plus de potentiel de croissance à l'étranger.

La Banque TD se démarque à ce niveau avec la croissance soutenue de ses activités de détail dans l'est des États-Unis, où elle gagne des parts de marché au détriment de banques américaines.

Mais selon Michael Goldberg, analyste chez Valeurs mobilières Desjardins, les actions des banques canadiennes demeurent des placements attrayants pour leur rendement en dividende et leur potentiel de plus-value.

«Le regain des tensions financières et économiques en Europe a déprécié les actions des banques canadiennes, mais à des multiples anormalement bas. Elles ont retrouvé un potentiel de rendement de 20% en valeur et en dividende à moyen terme», selon M. Goldberg.