Les administrateurs de la banque d'affaires en faillite Lehman Brothers ont demandé à un juge de forcer le secrétaire au Trésor Timothy Geithner à venir témoigner dans le litige qui l'oppose à la banque JPMorgan Chase. Les administrateurs de Lehman ont déposé une motion dans un tribunal de Washington (United States District Court for the District of Columbia) pour «forcer l'exécution d'une citation à comparaître de Timothy Geithner», d'après des documents judiciaires reçus vendredi.

«La succession de Lehman Brothers s'en remet au tribunal» pour «forcer Tim Geithner à obéir avant le 16 mars à une citation à comparaître qui lui a été adressée le 9 août» dans le litige opposant Lehman Brothers et JPMorgan Chase [[|ticker sym='JPM'|]], selon ces documents.

Le département du Trésor «refuse de fournir aux créanciers de Lehman Brothers des preuves clé par l'intermédiaire du secrétaire au Trésor Timothy Geithner. Ce dernier a été un témoin crucial de certains événements déterminants dans le litige qui oppose ces créanciers à JPMorgan Chase».

La faillite de Lehman Brothers, la plus grosse jamais connue, avait précipité le 15 septembre 2008 les marchés financiers du monde entier dans une grave crise qui s'est répercutée sur les économies de nombreux pays.

Les administrateurs de Lehman Brothers ont porté plainte en mai 2010 contre JPMorgan Chase, accusant la banque d'avoir précipité sa faillite en «siphonnant» illégalement des milliards de dollars, usant de «son pouvoir de vie ou de mort» sur Lehman à laquelle elle fournissait des services de compensation.

Les avocats de Lehman Brothers veulent que Tim Geithner, qui était à l'époque président de la banque centrale (Fed) de New York, s'explique sur la nature des nombreuses conversations téléphoniques qu'il a eues avec le patron de JPMorgan Chase, Jamie Dimon, au cours des derniers jours avant la faillite de la banque.

«Certains, si ce n'est tous ces appels, concernaient les demandes de collatéraux (financiers) au coeur des poursuites concernées. Par exemple, le soir du 11 septembre 2008, un jour ouvrable avant le dépôt de bilan de Lehman et à peu près au même moment où JPMorgan demandait au moins 5 milliards de dollars de collatéraux de la part de Lehman, M. Dimon a appelé le secrétaire Geithner», selon un argumentaire de la motion demandant l'exécution de la citation à comparaître.

«Il semble qu'ils aient discuté des arguments de JPMorgan pour demander ces collatéraux», ajoute cet argumentaire.

Lehman Brothers a également demandé la comparution de Hank Paulson, qui était secrétaire au Trésor avant Tim Geithner et au moment de la faillite de la banque.

JPMorgan Chase a déjà dû verser 861 millions de dollars en numéraire et en titres aux clients de l'ex-banque d'affaires Lehman Brothers dans le cadre d'un accord à l'amiable, mais cet accord ne couvre qu'une partie du litige entre les deux banques.

Les administrateurs de Lehman cherchent encore à recouvrer quelque 10 milliards de dollars auprès de JPMorgan. Une date de procès devrait être fixée à l'automne.

JPMorgan Chase a contre-attaqué, en poursuivant en justice Lehman en décembre 2010, en l'accusant de lui avoir fait perdre 25 milliards de dollars.

JPMorgan Chase avait prêté 70 milliards de dollars à l'ex-banque d'affaires le 18 septembre 2008, trois jours après sa faillite, sur la base de ce qu'elle estime des «déclarations mensongères».

Lehman Brothers avait assuré à JPMorgan Chase qu'elle serait remboursée lorsque la banque britannique Barclays rachèterait sa dette quelques jours plus tard. Or «avec l'aide de Lehman», Barclays a choisi les actifs les moins risqués de la dette de la banque d'affaires, laissant à JPMorgan Chase plus de 25 milliards de dollars en actifs pourris, explique JPMorgan Chase dans sa plainte.