Des pertes sur des prêts hypothécaires qui se comptent encore par milliards de dollars. Des revenus d'activités boursières amputés par le ressac des investisseurs devant les crises des dettes publiques en Europe et aux États-Unis.

> Suivez Martin Vallières sur Twitter

Pas de doute, les résultats trimestriels publiés ces jours-ci par les principales banques américaines montrent que le plus important marché mondial des services financiers navigue encore en eaux troubles.

Et de l'avis d'analystes, ce contexte bancaire difficile aux États-Unis pourrait influencer les prochains résultats des banques canadiennes, qui sont attendus dans un peu plus d'un mois, à la fin août.

«Ça pourrait être à la fois négatif ou positif selon les banques», résume Michael Goldberg, analyste du secteur financier chez Valeurs mobilières Desjardins, dans une note à ses clients-investisseurs en début de semaine.

L'assainissement du marché des prêts aux États-Unis - la conséquence des pertes encore en digestion chez les grandes banques - devrait favoriser les banques canadiennes comme la BMO et la TD, qui ont des activités importantes au sud de la frontière.

En contrepartie, selon M. Goldberg, le ressac des revenus d'activités boursières pourrait avoir un impact négatif sur les banques canadiennes qui sont les plus actives dans ce marché, comme la Royale (RBC).

Mais dans l'immédiat, les grandes banques américaines attirent le plus l'attention des investisseurs.

D'autant plus que le plus important prêteur selon les actifs aux États-Unis, Bank of America, a confirmé hier la plus importante perte trimestrielle de son histoire. Elle a atteint 8,8 milliards US, en contraste avec le profit de 3,1 milliards US enregistré à pareille date l'an dernier.

Encore l'immobilier

Le principal facteur d'un tel revirement négatif? La banque (BofA) a inscrit une autre perte majeure de 14,5 milliards US pour dévaluation d'actifs dans sa division des prêts hypothécaires. C'est un total 10 fois plus important que lors du trimestre correspondant, un an plus tôt. En Bourse, les actions de BofA ont reculé de 1,5%.

En contraste, la banque Wells Fargo, qui est le plus important prêteur hypothécaire aux États-Unis, a déclaré hier un profit record de 3,95 milliards US pour un deuxième trimestre, un peu mieux que prévu par les analystes.

La raison de cette meilleure rentabilité à court terme?

Pour le septième trimestre consécutif, Wells Fargo a réduit sa provision pour pertes sur prêts dans le marché hypothécaire. Elle s'est établie à 1,8 milliard lors du deuxième trimestre, alors que les radiations de prêts ont totalisé 2,8 milliards.

De plus, Wells Fargo, quatrième banque américaine selon les actifs, a bénéficié d'un léger regain de ses activités de prêts aux entreprises.

«Même si la reprise économique est plus lente que prévu, il y a des signes que les entreprises recommencent à investir pour générer de la croissance», a indiqué John Stumpf, chef de la direction de Wells Fargo.

En Bourse, ses actions ont bondi de 5,6%.

Goldman Sachs

Par ailleurs, la plus importante banque d'investissement américaine, Goldman Sachs, a publié hier un profit trimestriel qui, même accru de 77% en un an, s'est avéré très inférieur aux attentes des analystes et investisseurs.

Goldman Sachs a dégagé un profit de 1,09 milliard US lors de son deuxième trimestre 2011, comparé à 613 millions il y a un an. Mais à 1,85$US par action, ce profit trimestriel s'avère inférieur de 24% à la moyenne des prévisions d'analystes.

La raison d'un tel raté? La plus importante division de Goldman Sachs pour les revenus générés, qui regroupe les activités de courtage de titres à revenus, de matières premières et de devises, a subi un recul draconien de 62% des revenus par rapport au trimestre précédent.

Il a plafonné à 1,6 milliard lors du deuxième trimestre terminé à la fin juin, comparativement à 4,3 milliards lors du premier trimestre 2011.

«Des divisions ont produit des résultats décevants alors que nous avons réduit notre niveau de risque afin de gérer les fluctuations des cours et la liquidité des marchés» a indiqué Lloyd Blankfein, président du conseil et chef de la direction de Goldman Sachs.

D'autres licenciements

Peu après, la direction de Goldman Sachs a confirmé une autre ronde d'élimination d'au moins 1000 postes parmi ses 35 500 employés.

Cette coupe s'ajoute à la réduction de 9% de sa masse salariale durant les six premiers mois de l'année 2011.

Mais à 8,4 milliards US en six mois, ou quelque 237 000$US par employé, la rémunération en salaires et primes chez Goldman Sachs demeure la plus généreuse de tout le secteur financier américain.

En Bourse, hier, les actions de Goldman Sachs ont reculé de près de 3% en mi-séance, avant de terminer en baisse moins prononcée de 1,2%.

Néanmoins, il s'agit de la pire glissade du jour parmi l'indice sectoriel des services financiers du S&P500, qui était en léger rebond, hier, après un début d'été pénible.

Cet indice sectoriel qui regroupe les plus grandes banques et entreprises financières des États-Unis est en baisse de 18% depuis le début de l'année.

Et tout juste sous les 200 points, cet indice S&P 500-finance demeure inférieur de moitié à sa valeur d'il y a quatre ans, au début de 2007, lors des premières brèches dans le marché hypothécaire aux États-Unis.