Prudence: pour adhérer aux nouveaux services de regroupement de comptes, récemment lancés au Canada, vous devez divulguer les mots de passe de vos comptes bancaires. Vous pourriez ainsi contrevenir aux conditions du contrat avec votre institution financière et perdre votre protection contre les opérations non autorisées.

C'est la mise en garde formulée par l'Agence de la consommation en matière financière du Canada (ACFC).

«Nous recommandons aux Canadiens de bien s'assurer auprès de leurs institutions financières quelles seront les conséquences s'ils divulguent leur NIP et autres mots de passe à ce genre de service», prévient Ursula Menke, commissaire de l'ACFC.

Elle s'inquiète plus particulièrement pour les jeunes, qui adoptent souvent avec enthousiasme les nouvelles technologies. «Ils peuvent être un peu moins soucieux de leur sécurité bancaire», fait-elle valoir.

Les services de regroupement de comptes vous permettent de regrouper sur un seul site internet l'information contenue dans les comptes bancaires que vous détenez dans diverses institutions. Vous pouvez ainsi obtenir une vue d'ensemble de vos actifs, mieux comprendre comment vous dépensez votre argent, gérer votre budget. Voilà pour l'argumentaire.

Mais pour que ces informations puissent apparaître, être mises à jour quotidiennement et traitées sur ce site, on vous demande de fournir les codes d'accès aux divers comptes bancaires, comptes de courtage ou de cartes de crédit que vous voulez consolider. D'où la mise en garde de l'Agence de consommation en matière financière du Canada.

À la connaissance de l'ACFC, Mint.com Canada serait le premier et pour l'instant le seul service indépendant du genre à être offert au pays. Créé par la firme Intuit aux États-Unis, Mint.com a été lancé au Canada au début décembre.

Précautions

Ursula Menke n'en déconseille pas l'usage. «Nous suggérons des précautions, indique-t-elle. C'est une question de bien peser les risques et les bénéfices de ce genre de service.»

Mint.com est offert au Québec, nous informe le site internet de l'entreprise, mais n'a pas encore achevé sa version française. Il prend en charge la plupart des banques canadiennes, y indique-t-on, dont RBC, Scotia, BMO, Desjardins, Banque Nationale.

«Nous n'avons pas donné l'autorisation pour que notre nom apparaisse», informe pourtant Joan Beauchamp, porte-parole de la Banque Nationale.

«On continue de demander à nos clients de ne pas divulguer leurs mots de passe», dit-elle. Bref, la Banque Nationale recommande à ses clients de ne pas utiliser ce service.

Que se passerait-il si une fraude ou un vol d'identité entraînait une perte ?

«Le client est entièrement responsable, répond Joan Beauchamp. C'est inscrit dans la convention avec les clients : il doit protéger la confidentialité de son NIP et s'assurer qu'il ne sert qu'à lui seul. À partir de là, la suite est assez simple.»

Desjardins fait les mêmes mises en garde. «Il faut se rappeler que la règle de base qui garantit la couverture en cas de fraude a comme condition sine qua non de ne pas divulguer son mot de passe à qui que ce soit, informe la porte-parole Francine BlackBurn. Donc, quiconque adhérerait à ce regroupement transgresserait de ce fait les règles de sécurité et s'exposerait à des conséquences fâcheuses en cas de fraude.»

Mint Canada assure utiliser le même niveau de protection de données que les services en ligne des grandes banques canadiennes ou l'Agence du revenu du Canada.

L'ACFC suggère aux consommateurs de consulter la politique de confidentialité du fournisseur de service de regroupement de comptes, pour vérifier comment les renseignements personnels seront utilisés et protégés. Ces fournisseurs pourraient être établis et détenir des données dans des pays étrangers, où les normes de sécurité pourraient différer de celles des institutions canadiennes.

Jusqu'à présent, l'ACFC n'a reçu aucune plainte et peu de demandes d'information sur les services de regroupement de comptes.