Les dirigeants du Groupe Tekdata, de Brossard, affirment être victimes des pratiques injustes de leur banquier, GE Capital. L'institution financière leur a facturé une montagne de frais cachés depuis quatre ans, disent-ils, en s'appuyant sur un rapport juricomptable.

La PME fabrique notamment des pièces pour l'industrie du transport. Elle a comme clients Bombardier, Alstom et Kawasaki. Elle s'est mise sous la protection de la faillite en juin pour tenter de s'entendre avec ses créanciers.

Il y a quatre ans, Tekdata a restructuré ses affaires en prenant GE Capital comme nouveau banquier. Or, le cadre supérieur de GE Capital qui a dirigé la restructuration, Carlo Fargnoli, a été congédié en janvier dernier après une enquête de GE sur des versements inexpliqués de 1,6 million de dollars.

Tekdata est l'une des entreprises restructurées qui a donné lieu à des commissions inexpliquées. Aujourd'hui, elle soutient que sa dette a été artificiellement gonflée dans cette affaire, ce qui a provoqué ses difficultés financières.

Tekdata a commandé un rapport juricomptable à la firme Levi Litigation. Selon le rapport, les déficits annuels ont été gonflés de 2,2 millions de dollars depuis quatre ans en raison des agissements de GE Capital. Des frais d'administration excessifs et des dépenses juridiques inexpliquées font partie du lot de problèmes, soutien le rapport.

«GE a eu instruction de fermer notre usine, croit le président de Tekdata, Magdy Ayad Rizk. Nous sommes pourtant une entreprise sérieuse, avec plus de 3 millions de dollars de contrats et des commandes en attente de 20 millions de dollars.»

Tekdata comptait une cinquantaine d'employés. Son chiffre d'affaires avoisinait 6 millions l'an dernier et sa dette, 9 millions. Le déficit du groupe a dépassé les 700 000$. L'entreprise est maintenant virtuellement en faillite.

Cette semaine, le séquestre au dossier, Christian Bourque, a reçu 11 offres pour les équipements de l'entreprise, situés rues Matte et Ignace, à Brossard. Il doit remettre son rapport au tribunal aujourd'hui en recommandant d'accepter la meilleure offre. La famille Ayad Rizk a elle-même fait une offre pour un immeuble et des équipements.

Christian Bourque dit avoir tenté d'aider la famille Ayad Rizk à s'en sortir, en sollicitant des financiers et en approchant Investissement Québec, mais sans succès. Pour réduire leur endettement, M. Bourque leur a suggéré de céder leur immeuble et de louer des locaux plus petits, mais ils ont refusé. Il juge que la relance était difficile sans la présence d'un nouvel actionnaire, une chose pour laquelle la famille Ayad Rizk était réticente.

«L'entreprise éprouvait des problèmes de gestion. Elle avait une bonne capacité technique, mais des lacunes du point de vue marketing et financier», nous a dit M. Bourque, qui a été nommé par la cour à la demande de GE Capital.

En réplique, M. Ayad Rizk soutient qu'il n'aurait pas été rentable de vendre l'immeuble suggéré. «C'est facile à dire, mais l'hypothèque de GE Capital sur l'immeuble est plus élevée que le prix que j'aurais pu obtenir. La vente aurait été inutile», dit-il.

Du côté d'Investissement Québec, la porte-parole, Josée Béland, soutient que Tekdata était très rentable avant 2005, mais que les choses se sont gâtées par la suite. «Il sont venus nous voir souvent, notamment cet automne. Nous avons refusé pour des motifs de rentabilité et de capacité de gestion», a dit Mme Béland.

GE Capital n'avait pas de commentaires à formuler sur Tekdata hier, sauf pour dire que les frais cachés de 2,2 millions avancés par le rapport juricomptable «ne sont pas exacts».