La Société générale de financement (SGF) va devoir sortir son chéquier et, cette fois, ce n'est pas pour créer ou maintenir des emplois. Plutôt, elle estime qu'elle devra débourser pas moins de 56,5 millions de dollars pour assurer la fermeture de Pétromont, ce complexe que la société d'État détient à parts égales avec Dow Chemicals Canada.

De cette somme, le tiers (18,8 millions) servira à nettoyer les deux terrains des usines, dont la fermeture temporaire puis définitive a été annoncée il y a un an et demi. Quelque 325 personnes travaillaient alors aux installations de Varennes et Montréal-Est.

«Évidemment, c'est de la pétrochimie», confie Sophie Alarie, porte-parole de la SGF, pour expliquer l'ampleur de la facture. «Il faut vraiment qu'il ne reste aucun dépôt.» Elle ajoute que la société d'État ne veut pas procéder comme des minières qui «font leurs affaires et quittent» sans nettoyer le sol souillé, contaminé.

Les 28 millions restants serviront à payer la part de la SGF dans d'autres frais liés à la fermeture: caisse de retraite des travailleurs, annulation de contrats et autres. Il n'a pas été possible d'en obtenir un sommaire plus détaillé. «Ça reste à ce jour une estimation», insiste Mme Alarie à propos de ces chiffres qui ne sont pas finaux.

Néanmoins, ils se retrouvent, sans aucun détail, dans le dernier rapport annuel de la SGF. Là, on peut lire que le bras investisseur du gouvernement québécois a inscrit une «provision pour restauration des lieux et frais de fermeture» d'un peu moins de 58 millions cette année. En 2007, cette même provision était de 6 millions, presque 10 fois moins.

Outre Pétromont, la SGF a inscrit une provision de 1,2 million liée à la fermeture de l'usine de magnésium Magnola, dont l'annonce remonte à il y a sept ans. Il y a aussi de frais de 86 000$ pour fermer l'usine Corus SEC, de Cap-de-la-Madeleine.

Des dizaines de millions perdus

Dans le cas de Pétromont, les frais liés à la fermeture et à la décontamination des terrains seront partagés à parts égales avec le partenaire de la SGF dans l'aventure, Dow Chemicals, assure Mme Alarie. Comme Dow possède aussi 50% de Pétromont, c'est donc dire que la fermeture coûterait près de 115 millions. Dow n'a pas rappelé La Presse Affaires à ce sujet.

Au fil des ans, la SGF a investi quelque 64 millions dans le capital de Pétromont. Aussi, rappelle la porte-parole, la SGF a fait une avance de 40,9 millions. Avec les frais de nettoyage et de fermeture, c'est donc dire que l'aventure lui aura coûté 160 millions.

Une perte totale, ces 160 millions? «Lorsqu'on va fermer notre année, le 31 décembre, j'imagine qu'on va avoir le compte», explique encore la porte-parole, qui insiste sur le fait que les chiffres pourraient varier un peu.

Pour l'année 2008, la SGF a inscrit une dévaluation de 6 millions dans ses livres en ce qui a trait à Pétromont. L'année précédente, c'était 52 millions. Il devrait donc y avoir d'autres dévaluations à inscrire aux livres cette année.

Pour 2008, outre Pétromont, la SGF a inscrit des radiations importantes aux actifs de PTT Poly Canada (-93,8 millions) et de Temlam (-44,1 millions).