Le financier américain Allen Stanford, inculpé pour une escroquerie portant sur plusieurs milliards de dollars, a été bien aidé dans son entreprise par la complaisance des autorités de l'État de Floride, révèle dimanche le quotidien Miami Herald.

Le journal a fait la liste des passe-droits dont a bénéficié Stanford Fiduciary Investor Services, qui a de 1998 à 2004 attiré 600 millions de dollars auprès de plus de 2000 investisseurs, principalement de riches Latino-Américains de Miami ou ayant des attaches dans cette ville.

Cette société y vendait dans «des bureaux de luxe» des certificats de dépôt (CD) de sa banque d'Antigua-et-Barbuda, un investissement à rendement fixe, avec «des rendements plus élevés que les autres banques, souvent de deux points».

Selon le quotidien, l'entreprise a demandé et obtenu au moment de s'implanter le privilège unique de pouvoir «transférer de vastes sommes à l'étranger, sans en signaler un seul centime aux régulateurs (...), contournant les lois contre le blanchiment».

A l'époque, «le bureau est seulement censé fournir des renseignements aux gens intéressés par les services à l'étranger de la société, pas offrir des CD et accepter de l'argent (...) Mais en langage clair, l'accord signé entre Stanford et les régulateurs de l'Etat permet que des fonds soient transférés vers et depuis cette succursale», explique le Herald.

Le journal a retrouvé les compte-rendus de trois visites d'inspecteurs de l'État aux bureaux de Stanford, montrant qu'elles n'avaient pas suscité d'interrogation particulière sur la nature des activités de la société.

Stanford fit en 2001 une demande pour ouvrir un même bureau dans son État d'origine, le Texas, qui «fut accordée, à une différence près, de taille: le bureau texan n'avait pas le droit de manipuler de fonds», note le Herald.

Allen Stanford, détenu depuis qu'il s'est rendu à la police le 18 juin, est poursuivi pour 21 chefs d'accusation, dont une escroquerie portant sur huit milliards de dollars, le blanchiment d'argent et l'obstruction à la justice.