Le financier Robert Allen Stanford, 59 ans, a été inculpé vendredi par la justice américaine pour une escroquerie portant sur plusieurs milliards de dollars, dont 1,6 milliard pour son bénéfice personnel, qui a laissé sur le carreau environ 30 000 investisseurs.

Arrêté jeudi soir en Virginie (est), le milliardaire devait être présenté à un juge à 13h30 locales d'un tribunal fédéral de Richmond, selon le ministère de la Justice américain, pour une audience au cours de laquelle il dira s'il plaide coupable ou non.

Il doit répondre de 21 chefs d'accusation répartis en trois grandes catégories: «fraudes», «obstruction à la justice» et «blanchiment d'argent», selon l'acte d'accusation.

Quatre autres personnes sont également visées par ces accusations, dont la directrice des investissements de M. Stanford, déjà inculpée pour «obstruction à la justice», mais aussi son directeur de la comptabilité et son contrôleur général, arrêtés vendredi matin selon le ministère. Tous trois devaient comparaître vendredi devant un tribunal fédéral de Houston (Texas).

Le sort du cinquième inculpé, l'ancien directeur de la commission de régulation des services financiers d'Antigua, restait inconnu, le ministère de la Justice refusant de répondre à la question de son arrestation lors d'une conférence de presse vendredi à Washington.

D'après l'acte d'accusation, la fraude a couru depuis «au moins septembre 1999» jusqu'au 17 février 2009, lorsque la justice s'est saisie de l'affaire. Elle porte selon le ministère de la Justice sur plus de 8 milliards de dollars et a touché environ 30 000 personnes, en majorité des investisseurs américains.

Il s'agit de la plus importante affaire de fraude révélée aux États-Unis depuis l'arrestation en décembre du financier new-yorkais Bernard Madoff, accusé d'avoir monté une escroquerie atteignant 50 milliards de dollars.

Le gendarme américain de la Bourse, la SEC, accuse M. Stanford d'un «immense schéma de Ponzi», un système de fraude pyramidale où il s'agit de piocher dans l'argent collecté auprès des nouveaux investisseurs pour payer des intérêts promis aux investisseurs précédents, sans réaliser les rendements promis aux clients.

Dans l'acte d'accusation, la justice explique que «le but de la fraude était de solliciter et d'obtenir des milliards de dollars de fonds d'investissement grâce à des faux-semblants et de fausses promesses, afin de faire des bénéfices économiques substantiels pour des intérêts personnels».

Ces bénéfices étaient reversés sur les comptes des personnes intéressées «sous forme de salaires, frais et bonus et autres détournements interdits, mauvais usage et appropriation frauduleuse de fonds».

Par ailleurs, les cinq prévenus sont soupçonnés d'avoir transporté, transmis et transféré des fonds à l'intérieur et à l'extérieur des États-Unis.

Lorsque la SEC a commencé à s'intéresser aux transactions financières du groupe de M. Stanford, en 2005, lui-même, sa directrice financière et l'ancien directeur de la commission de régulation des services financiers d'Antigua sont enfin accusés d'avoir tenté de lui mettre des bâtons dans les roues.

Allen Stanford, un Texan que le magazine Forbes avait classé 405e personne la plus riche du monde, a plusieurs fois protesté publiquement de son innocence, y compris en pleurant. Il est connu comme un important parraineur de diverses compétitions sportives, notamment en cricket, golf et voile.

Les actifs de sa société ont été gelés, de même que ses comptes en banques personnels.