Le resserrement de la réglementation, conséquence attendue de la crise financière, «avantagera» les banques canadiennes, déjà encadrées plus étroitement que leurs concurrentes du reste du monde, estime le président et chef de la direction de la Banque Nationale, Louis Vachon.

«Oui, il y aura davantage de régulation, mais je pense que ça aura un plus grand impact sur nos concurrents que sur nous», a déclaré M. Vachon mardi, lors d'une conférence organisée par la Financière Banque Nationale à Montréal.

Selon lui, les nouvelles règles sont susceptibles d'accroître les «barrières à l'entrée» du marché canadien pour les banques étrangères, ce qui laissera plus de terrain aux institutions d'ici.

«Par ailleurs, nous avons eu, par le passé, plusieurs concurrents qui n'étaient pas aussi réglementés que nous le sommes, a ajouté le PDG. Je pense que le fardeau de la (nouvelle) régulation sera beaucoup plus lourd à porter pour eux que pour nous.»

Les autorités politiques et réglementaires de plusieurs pays se penchent actuellement sur le nouvel encadrement à imposer au secteur financier. Les ratios de capital à maintenir, les produits financiers structurés et les fonds de couverture sont notamment au centre des discussions.

Mercredi, par exemple, Sheila Bair, présidente de la Federal Deposit Insurance Corporation, la société d'assurance dépôts des Etats-Unis, a prôné de nouvelles règles qui imposeraient des ratios de capital plus élevés et limiteraient la prise de risques pour les banques américaines.

Au Canada, les banques doivent maintenir des ratios de capital plus élevés qu'aux Etats-Unis et en Europe. C'est l'une des raisons pour lesquelles le pays a jusqu'ici échappé au pire de la crise financière, d'après plusieurs experts.

Louis Vachon a reconnu que la Banque Nationale avait commis des «erreurs» dans le contexte de l'actuelle crise, mais il a soutenu que l'«innovation financière», à l'origine de plusieurs produits ésotériques et opaques créés ces dernières années, allait se poursuivre, quoique à un rythme plus lent.

«Une banque qui ne prend pas de risques ne joue pas son rôle dans l'économie», a lancé M. Vachon, avant de mettre en garde contre une réglementation excessive.

«Faire basculer le balancier jusqu'à l'autre extrême coûterait très cher à l'économie au cours des prochaines années», a-t-il prévenu.

Le dirigeant ne croit pas que le Canada ira jusqu'à forcer les grandes institutions financières à se départir de leurs divisions de courtage et de banque d'investissement, comme certains l'ont proposé aux Etats-Unis.

Louis Vachon se montre aussi sceptique quant à la possibilité qu'un régulateur mondial du secteur financier, doté d'un réel pouvoir contraignant, voie le jour. A ses yeux, ce sont les organismes nationaux qui continueront de dicter l'ordre du jour réglementaire.

Interrogé par un analyste financier, le PDG a assuré que la débâcle du papier commercial adossé à des actifs (PCAA) n'allait pas nuire de façon significative à l'image de la Nationale. En 2007, la banque possédait pour 2,3 milliards $ de PCAA, une somme dépréciée de 40 pour cent jusqu'ici.

En se basant sur les informations les plus récentes, la Banque Nationale ne croit pas avoir besoin, pour l'instant, d'augmenter cette dévaluation, a indiqué M. Vachon.

En fin d'après-midi, l'action de la Banque Nationale s'échangeait à 40,98 $, en hausse de 1,8%, à la Bourse de Toronto.