La rupture a provoqué quelques soubresauts en Bourse, hier. Mais, selon les observateurs, ING Canada (T.IIC) ne devrait pas trop s'ennuyer de sa maison mère néerlandaise, qui vient de la larguer pour renflouer ses coffres.

ING Groep, établie aux Pays-Bas, a vendu hier les derniers morceaux qu'elle détenait encore d'ING Canada -plus importante compagnie d'assurance habitation, auto et entreprise au pays, et qui détient entre autres les sociétés ING Assurance et Belairdirect.

 

«Aujourd'hui, à la suite des transactions proposées, une société inscrite au Canada et contrôlée par des intérêts canadiens assumera une position de leadership dans le domaine de l'assurance habitation, automobile et commerciale pour la première fois dans l'histoire récente», a dit Charles Brindamour, président et chef de la direction d'ING Canada.

ING Groep a commencé mardi à se départir de sa participation de 70% dans ING Canada. La grande liquidation s'est terminée hier pour un prix total de 2,2 milliards de dollars. Notons que la transaction n'affecte pas la Banque ING du Canada, connue sous le nom d'ING Direct, qui était une entreprise distincte d'ING Canada et qui relève toujours directement de la maison mère néerlandaise.

Les noms des acquéreurs n'ont pas été dévoilés. Selon des informations qui circulaient hier, la première tranche de 850 millions de dollars aurait été vendue à une dizaine d'investisseurs institutionnels parmi lesquels ne figurerait aucun «investisseur stratégique», par exemple une entreprise concurrente qui aurait voulu augmenter ses parts de marché.

Le reste des actions a été vendu par l'entremise de deux offres publiques distinctes. On croit, encore une fois, que ce sont les grands investisseurs institutionnels qui ont mis la main sur la plupart des actions. Notons que ceux qui ont acquis plus de 10% des actions d'ING Canada devront le déclarer 10 jours après la date de clôture de la transaction, prévue pour la fin du présent trimestre.

Le premier effet de cette rupture n'a pas été très réjouissant pour ING Canada, qui a vu son titre perdre 4,94$, ou 14,62% hier, à la Bourse de Toronto pour clôturer à 28,85$.

Rien de surprenant: la maison mère néerlandaise a vendu ses actions en trois tranches à des prix de 26,35$ et 25$, alors que l'action d'ING Canada avait clôturé à 32,68$ lundi.

«Si t'as une action à 33$, eh bien, tu vas la vendre pour essayer d'en acheter une autre à 26,35$», résume simplement Alain Chung, gestionnaire de portefeuille chez Gestion Claret.

Gilles Gratton, vice-président aux communications d'ING Canada, affirme que la transaction ne changera «pas grand-chose» pour l'entreprise. «On fonctionnait de façon indépendante du groupe», explique-t-il.

Alain Chung, de Claret, croit la même chose. «À la limite, je dirais même que ça pourrait améliorer la gestion chez ING Canada, dit-il. Au lieu de travailler pour un actionnaire qui détient 70% de la compagnie, tu travailles maintenant pour tout le monde.»

Une maison mère à la dérive

Il faut dire que l'ancienne société mère ING Groep n'est pas dans la meilleure posture qui soit par les temps qui courent. Son action, qui avait atteint un sommet de 40,67 $US au New York Stock Exchange en avril dernier, a clôturé hier à 8,29$US.

Alors qu'ING Canada ne fait que dans l'assurance, ING Groep possède des activités bancaires plus étendues et a rejoint la longue liste des victimes de la crise financière. L'entreprise a dû demander une aide de sauvetage de 10 milliards d'euros du gouvernement néerlandais en octobre dernier pour éviter de sombrer.

L'entreprise a vendu sa filiale taiwanaise peu de temps après, puis a annoncé son intention de se retirer volontairement des Bourses de Paris, de Frankfort et de Suisse, invoquant le faible volume de transactions sur ses actions et les coûts associés à ces inscriptions.

«Ils ont vendu leur bijou pour renflouer les coffres», résume Alain Chung, de Claret, en parlant de la vente d'ING Canada, soulignant que la filiale canadienne «n'a aucune dette et 500 millions de liquidités», et est «propre et bien gérée».