Hydro-Québec est prête à offrir au moins 30 millions US pour financer des programmes au Maine si les habitants de l'État américain acceptent un projet de ligne de transport visant à acheminer de l'hydroélectricité en Nouvelle-Angleterre.

Les incitatifs proposés par la société d'État et son partenaire Central Maine Power (CMP) totalisent environ 258 millions US, d'après une ébauche d'entente obtenue par le Portland Press Herald.

Hydro-Québec met l'épaule à la roue, puisqu'elle proposerait trois enveloppes de 10 millions US respectivement destinées à un fonds de télécommunications, à la mise sur pied d'un réseau de bornes de recharge et à un programme de thermopompes.

«On travaille avec CMP afin de mettre de l'avant un projet de règlement, a confirmé un porte-parole de la société d'État, Serge Abergel. C'est un bon projet et nous prenons les moyens afin qu'il se réalise.»

Interrogé sur les sommes qui seraient dépensées en territoire américain, celui-ci a expliqué qu'il ne pouvait fournir plus de détails en raison d'ententes de confidentialité et parce que les pourparlers se poursuivent.

Les propositions ont été déposées lors d'une rencontre qui s'est déroulée mardi. On ignore à quel moment cette entente pourrait être avalisée ou si elle sera modifiée. D'autres discussions sont prévues le 12 février.

CMP tente ainsi de trouver un terrain d'entente avec les différentes parties concernées - comme des municipalités, des groupes environnementaux ainsi que des acteurs du milieu économique.

L'objectif est de présenter une entente à la commission des services aux collectivités du Maine, qui se penche davantage sur les aspects économiques du projet, et qui doit en principe trancher au mois de mars.

Le coût du projet de ligne de transport New England Clean Energy Connect (NECEC) est évalué à environ 950 millions US aux États-Unis. Le tracé de 233 kilomètres en sol américain doit passer par le Maine.

Hydro-Québec mise sur ce projet, dont la mise en service est prévue en 2022, pour acheminer 9,45 térawattheures d'hydroélectricité par année pendant 20 ans dans le cadre de son lucratif contrat d'approvisionnement décroché auprès du Massachusetts.

Les critiques affirment que la ligne de transport, qui vise à aider le Massachusetts à atteindre certains objectifs en matière d'environnement, serait néfaste pour de vastes étendues sauvages et ne profiterait guère aux clients du secteur de l'électricité du Maine.

Au Québec, la société d'État, qui continue à peaufiner le tracé, n'a pas fait miroiter de sommes d'argent comme au Maine afin de faciliter l'appui à son projet.

Interrogé à ce sujet, M. Abergel a affirmé que le contexte était différent dans la province, où Hydro-Québec «appartient aux Québécois», et que les bénéfices découlant des exportations «profitent à l'ensemble des Québécois».

En territoire québécois, Hydro prévoit un tracé d'environ 100 kilomètres entre le poste des Appalaches, situé à Saint-Adrien-d'Irlande près de Thetford Mines, dans la région de Chaudière-Appalaches, et un point de raccordement à la frontière avec le Maine.

La facture de la ligne Appalaches-Maine devrait être de plusieurs centaines de millions de dollars. La portion québécoise du Northern Pass devait coûter environ 620 millions.

Il devrait y avoir une étude d'impact et le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement pourrait se pencher sur le projet. Il y aura également une évaluation de l'Office national de l'énergie.