Après un sommet atteint en 2017, un peu moins de Québécois songent à se lancer en affaires et entament des démarches afin d'atteindre leur objectif, un constat qui cache néanmoins une effervescence chez les femmes, les immigrants ainsi que les plus jeunes.

C'est l'une des conclusions de l'Indice entrepreneurial québécois 2018 du Réseau M de la Fondation de l'entrepreneurship, présenté mardi par la Caisse de dépôt et placement du Québec.

En 2018, 19,5 % des personnes sondées - presque trois fois plus qu'en 2009, lorsque cet indicateur a vu le jour - ont envisagé de se lancer en affaires ou de mettre sur pied une nouvelle entreprise. 9 % des répondants à l'enquête ont franchi l'étape des démarches.

Cela demeure toutefois inférieur au sommet de 21 % atteint en 2017, ce qui n'inquiète pas la directrice principale des contenus et de l'innovation au Réseau M, Rina Marchand, et le chercheur Mihai Ibanescu.

« Il s'agit d'un taux qui peut être très volatil, a expliqué Mme Marchand au cours d'un entretien téléphonique. Il change beaucoup par les temps qui courent. C'est pratiquement le plein emploi au Québec, alors cela pèse dans la balance sur les intentions. »

Plus en détail, l'Indice révèle qu'après un écart qui s'est creusé au cours des dernières années, les taux d'intention des hommes et des femmes vis-à-vis l'entrepreneuriat se rapprochent de la parité.

Davantage disposés à prendre des risques, les immigrants sont beaucoup plus enclins que les « natifs » à envisager de mettre sur pied une entreprise.

Voici quelques faits saillants du 10e Indice entrepreneurial québécois du Réseau M de la Fondation de l'entrepreneurship.

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17,1 :

Il s'agit du pourcentage des répondantes qui envisagent de se tourner vers l'entrepreneuriat. Depuis le sommet observé en 2014, l'écart des taux d'intention des hommes et des femmes s'est considérablement rétréci, passant de 10,4 points de pourcentage à 4,8 points de pourcentage en 2018.

« On doit le dire, la présence plus élevée des femmes au stade des études universitaires joue un rôle », a expliqué Mme Marchand.

À 47,4 %, la proportion de femmes parmi les nouveaux entrepreneurs se situe dans la zone de parité, selon l'enquête. Cette proportion est toutefois un peu moins élevée par rapport à l'an dernier, alors qu'elle était de 51,4 %.

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39,8 :

Environ quatre immigrants sur 10 s'intéressent à la possibilité de démarrer une compagnie, par rapport à 16,1 % chez les natifs. En un an, l'écart s'est creusé de 7,7 %.

« Il y a une propension à prendre des risques qui est vraiment supérieure chez les nouveaux arrivants, a expliqué Mme Marchand. Le fait d'immigrer dit tout, bien évidemment. »

Sur quatre ans, environ 17 % des immigrants désireux d'aller en affaires mettent de l'avant des démarches, comparativement à moins de 10 % au sein de la « population native », selon les conclusions du document.

Le manque de moyens financiers et les difficultés à trouver des partenaires figurent toutefois parmi les principaux obstacles rencontrés par les immigrants.

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40,5 :

C'est la proportion des hommes de la génération de 18-34 ans à avoir eu l'idée de lancer une entreprise en 2018, ce qui constitue une baisse de 7,4 points de pourcentage et un deuxième recul annuel.

En dépit de ce recul, le portrait n'est pas encore alarmant, puisqu'en 2009, le taux d'intention était à peine de 13 %.

« Encore une fois il y a un lien qui peut se faire avec les études, a dit Mme Marchand. Les jeunes hommes sont moins présents au niveau universitaire. Ceux qui "décrochent" de l'entrepreneuriat le font parce que c'est extrêmement difficile et au profit d'emplois extrêmement bien rémunérés, relativement faciles à trouver. »

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26 :

Ce n'est pas parce qu'elle est plus âgée que la Génération X tourne le dos à l'entrepreneuriat. Pour les personnes âgées de 35 à 49 ans, le taux d'intention a presque triplé en six ans, passant de 9 % en 2012 à 26 % en 2018.

Il s'agit toutefois d'un résultat moins élevé que le pic de 34 % atteint en 2014.

Selon l'Indice entrepreneurial québécois 2018, plus du tiers des « actuels propriétaires de 50 ans et plus se sont lancés » dans le monde des affaires alors qu'ils étaient dans cette tranche d'âge.

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Le Réseau M de la Fondation de l'entrepreneurship a sondé 2606 répondants de 18 ans et plus du 16 mai au 6 juin. La marge d'erreur est de plus ou moins 2,2 %, 19 fois sur 20.