Les dirigeants de Vacances Sinorama ont officiellement déposé leur bilan au Bureau du surintendant des faillites, a appris La Presse.

Selon la déclaration du PDG, Hong Simon Qian, l'entreprise doit 13,5 millions de dollars à ses créanciers. En revanche, elle n'aurait que 785 000 $ d'actif, si bien que les principaux créanciers perdront la presque totalité de ce qui leur est dû.

La faillite a officiellement été déclarée le vendredi 12 octobre par l'entremise du syndic Groupe Serpone. Il n'a pas été possible de savoir à qui les dirigeants de Sinorama estimaient devoir les 13,5 millions, puisque le dossier n'était toujours pas disponible au palais de justice de Montréal, hier.

Selon le document du Bureau des faillites, la première assemblée des créanciers doit avoir lieu le 6 novembre. La syndique responsable, Johanne Serpone, n'a pas répondu aux nombreux appels de La Presse.

Cette faillite rend inactifs les recours devant les tribunaux de Sinorama et de Simon Qian contre l'Office de la protection du consommateur (OPC). Un avis de suspension du processus judiciaire a été publié par le Groupe Serpone, nous a confirmé Brian Mitchell, avocat de Simon Qian.

La direction de Sinorama, rappelons-le, avait entamé des procédures judiciaires contre l'OPC. L'organisme avait retiré à Sinorama son permis d'agent de voyages le 7 août à la suite de divers manquements à la gestion des comptes en fidéicommis de ses clients.

Mercredi, La Presse a eu la confirmation que les activités de transports en autocar de Sinorama avaient été reprises par le Groupe La Québécoise, de Québec. La vingtaine d'employés de Sinoramabus sont entrés au service de la nouvelle entité, Vacances Dragon.

Selon nos informations, Dragon a conservé le même numéro de téléphone et la même adresse que Sinoramabus. Et hier, elle a commencé à faire de la publicité, notamment dans les journaux Métro et 24 heures de Montréal. Dans ces annonces, Dragon offre des forfaits spéciaux « ouverture » extrêmement bas pour des voyages à Mont-Tremblant, à Québec et à Toronto.

Par exemple, un départ pour un voyage d'un jour à Québec ce week-end est offert « à partir de 8,99 $ ». Pour Toronto, le départ du 27 octobre pour deux jours est offert « à partir de 43,99 $ » par personne. Le séjour comprend le transport en autocar de luxe, une chambre en occupation quadruple dans un établissement 3 étoiles et un guide. Il exclut les frais de service, les repas, les taxes et les assurances.

DES CHÈQUES AUX CLIENTS

Par ailleurs, l'administrateur provisoire de Sinorama nommé par l'OPC, PwC, a commencé à envoyer des chèques aux voyageurs lésés comme indemnisation de leurs acomptes perdus. Quelque 300 personnes ont reçu ou recevront très prochainement une somme globale de 1,3 million de dollars, nous a-t-on confirmé chez PwC.

En tout, la firme dit avoir reçu 5300 réclamations à ce jour. Sur la base des 300 premiers dossiers traités (4300 $ par personne), on peut estimer que les réclamations totales pourraient s'élever à environ 23 millions. L'argent sera pris à même le Fonds d'indemnisation des clients des agents de voyages (FICAV).

Toutefois, un grand nombre des 5300 réclamations sont non conformes ou incomplètes, malgré les explications du site de PwC, indique le responsable Christian Bourque. De plus, de nombreux clients ont été remboursés par les processeurs de paiement (payment processors) de cartes de crédit (Pivotal Payments, Chase, Moneris, Stripe), et PwC doit s'assurer qu'il n'y a pas de doubles réclamations.

Quoi qu'il en soit, l'écart de quelque 10 millions entre les réclamations estimées des clients québécois (23 millions) et les créances déclarées par la direction de Sinorama (13,5 millions) demeure un mystère.

Normalement, on se serait attendu à ce que le voyagiste doive au moins la somme versée en acomptes par ses clients (23 millions), en plus des montants dus aux autres créanciers qui ont fait affaire avec l'organisation.

Il faut dire que l'entreprise avait une structure complexe avec de nombreuses sociétés apparentées. L'organisation avait des antennes à Paris, en Allemagne, à Toronto, à Vancouver et en Nouvelle-Zélande. Les bureaux de Sinorama sont fermés dans les trois derniers cas, mais nous n'avons pu confirmer que ceux de Paris et Düsseldorf sont également fermés.

Enfin, la société mère Sinorama Corporation, inscrite sur une Bourse américaine, ne donne plus signe de vie aux actionnaires depuis le 14 août, selon le site Edgar de la Securities and Exchange Commission (SEC).