Québec a réuni lundi tous ses représentants aux États-Unis afin de tenter de trouver une voie de passage au travers des mines que le président américain ne cesse de semer sur son parcours désordonné dans le champ des relations canado-américaines.

La ministre des Relations internationales, Christine St-Pierre, a indiqué lundi matin qu'elle avait convoqué tout son personnel en territoire américain pour une discussion par visioconférence à la suite de la décision du président Donald Trump d'imposer des tarifs punitifs sur l'acier et l'aluminium et, surtout, de sa volte-face en matière de commerce international à l'issue de la réunion du G7 en fin de semaine dernière.

«Il y a quelque chose d'incompréhensible là-dedans», a affirmé Mme St-Pierre en marge d'une annonce dans la métropole.

Mme St-Pierre n'a pas caché que son gouvernement est «très déçu» et «tout aussi choqué» que quiconque face à l'attitude belliqueuse du président d'un pays avec qui «nous sommes des alliés depuis toujours».

Plus encore, elle avoue rencontrer la même incompréhension chez les interlocuteurs américains du Québec.

«Les échos qu'on a, c'est que les Américains eux-mêmes ne comprennent pas pourquoi on remet en question le libre-échange avec le Canada», a-t-elle indiqué.

La ministre fait valoir que 32 États américains ont le Canada comme premier marché et que l'inquiétude est marquée tant à la US Chamber of Commerce que chez les gouverneurs des États et les autres élus au Congrès américain.

«Toutes les rencontres que nous avons faites, depuis le début de cette histoire, sont toujours les mêmes: personne ne remet en question l'accord de libre-échange Canada-É-U-Mexique», a-t-elle indiqué.

Bien qu'elle reconnaisse que «la provocation, avancer, reculer» fait partie de ce qu'elle appelle «le personnage du président américain», elle dit croire qu'en fin de course, «la raison va prévaloir» puisque le libre-échange avec le Canada et le Mexique représente 14 millions d'emplois aux États-Unis seulement.

Par contre, elle note que le comportement de M. Trump «vient teinter la présidence américaine», mais elle soupçonne le président de chercher à stimuler sa base politique à l'approche des élections de mi-mandat «Il faut voir là-dedans aussi un agenda électoral», a-t-elle confié.

En contrepartie, elle assure que le Québec ne se laissera pas impressionner, particulièrement dans les dossiers prioritaires, «dont la gestion de l'offre: là-dessus, il faut qu'on tienne vraiment notre bout».

L'attrait de Montréal en jeu

De son côté, le président et directeur général de Montréal international, Hubert Bolduc, fait preuve d'un attentisme prudent.

«Jusqu'à présent, les résultats que nous avons en termes d'investissements étrangers en provenance des États-Unis ne causent pas une inquiétude par rapport à notre capacité en provenance des États-Unis», a-t-il confié en entrevue avec La Presse canadienne.

Il souligne toutefois que les résultats dont il dispose présentement précèdent les plus récentes décisions du président américain.

«On devra voir la dernière moitié de l'année, avec les tarifs, s'il y a un impact.»

Il ne cache pas, cependant, que toute remise en question de l'Accord de libre-échange nord-américain est source d'inquiétude.

«Un des premiers éléments considérés par les investisseurs étrangers, c'est l'accès au marché. À partir du moment où il n'y a pas d'accès au marché (américain) avec l'ALÉNA, c'est sûr qu'il y a de l'inquiétude», a-t-il reconnu.

«Les gens ne viennent pas au Québec ou à Montréal parce qu'on a huit millions de consommateurs ou 35 millions de Canadiens; ils viennent parce qu'on a un accès à 500 millions de consommateurs (au Canada, aux États-Unis et au Mexique). Donc, il faut que cet accès demeure si on veut continuer à être attractif comme ville», a fait valoir M. Bolduc.