L'arrivée d'Ubisoft au Saguenay constitue un nouveau jalon dans le plan de croissance du géant français du jeu vidéo dans les régions du Québec, estime le président de ses studios canadiens, Yannis Mallat.

Près de cinq mois après avoir annoncé son arrivée au Saguenay-Lac-Saint-Jean, la multinationale a officiellement inauguré vendredi son troisième studio québécois, qui compte actuellement 20 employés.

Déjà bien implantée à Montréal et Québec, Ubisoft estime que la « créativité n'est pas l'exclusivité des grands centres », ce qui explique pourquoi Saguenay a obtenu un studio, a expliqué M. Mallat au cours d'une entrevue avec La Presse canadienne.

« Nous avons fait nos devoirs pour constater qu'au-delà des centres comme Montréal et Québec, il y a des forces vives de créativité et des talents », a-t-il expliqué au terme d'un événement auquel le premier ministre Philippe Couillard a pris part.

Pour M. Mallat, la présence de l'Université du Québec à Chicoutimi et de l'École des arts numériques, de l'animation et du design (NAD) a pesé dans la balance en faveur de Saguenay grâce à la formation de travailleurs recherchés.

Dans le cadre de sa stratégie de croissance, Ubisoft, qui est arrivée au Québec il y a environ 20 ans, prévoit investir 780 millions de dollars d'ici 2027 dans le but d'embaucher 1000 employés - un processus qui a déjà débuté.

Bien que l'emplacement du quatrième studio québécois n'ait pas encore été dévoilé par le géant français, cet établissement aura pignon sur rue en région, a affirmé M. Mallat.

« Le prochain studio devra répondre aux mêmes critères de sélection que Saguenay, affirmé le directeur des studios canadiens de l'entreprise. Il sera important de pouvoir compter sur un écosystème, une disponibilité de la main-d'oeuvre ainsi qu'une offre de formation dans les disciplines liées aux jeux vidéo. »

Dirigé par Jimmy Boulianne, le studio de Saguenay, spécialisé dans des facettes comme l'intégration de services en ligne et la programmation d'interfaces pour Tom Clancy's Rainbow Six: Siege, devrait voir son effectif doubler d'ici la fin de l'année et compter environ 125 employés d'ici cinq ans.

Au fil du temps, les studios québécois ont développé certaines des marques les plus populaires de la multinationale française, dont Assasin's Creed ainsi que Far Cry, dont le plus récent épisode est attendu à la fin mars.

Compte tenu de la taille actuelle du studio de Saguenay, il est encore trop tôt, selon M. Mallat, pour que l'établissement puisse « porter à lui seul » l'ensemble du développement d'un jeu vidéo. Cela n'empêche toutefois pas les travailleurs de l'endroit d'abattre un travail important, a-t-il pris soin d'ajouter.

Aussi dans les grands centres

Ubisoft - qui compte déjà quelque 3600 employés à Montréal et Québec - prévoit embaucher 675 personnes de plus dans la métropole et 200 autres dans la Vieille-Capitale, dans le cadre de sa stratégie de croissance.

Conscient que de nombreuses entreprises convoitent des employés prisés par Ubisoft dans le contexte de la rareté de main-d'oeuvre, M. Mallat ne croit pas que cela pourrait freiner le recrutement.

« Nous n'allons pas cesser d'investir même s'il y a une forte demande à l'endroit des travailleurs, a-t-il dit. C'est notamment pour cette raison que nous voulons nous associer avec les institutions d'enseignement. »

Les ambitions de croissance de la multinationale s'expliquent en partie par l'octroi du crédit d'impôt remboursable aux entreprises du multimédia, qui permet de rembourser jusqu'à 37,5 % des dépenses salariales admissibles.

En septembre, le premier ministre Philippe Couillard avait indiqué que le crédit d'impôt appliqué sur les 1000 emplois créés représentait une dépense fiscale d'environ 160 millions.

Lors de son exercice financier terminé le 31 mars 2017, le géant français du jeu vidéo a reçu près de 90 millions de dollars canadiens de l'État québécois en subventions dans le cadre de cette mesure fiscale. Ubisoft dit avoir injecté 3,5 milliards au Québec depuis 1997 et qu'au terme de la nouvelle phase de son plan de croissance, ses investissements devraient totaliser 9 milliards.