De plus en plus de Québécois songent à se lancer en affaires, mais il y a encore du travail à faire afin de les inciter à entamer des démarches dans le but d'atteindre leur objectif.

C'est l'une des conclusions de l'Indice entrepreneurial québécois 2016 du Réseau M de la Fondation de l'entrepreneurship, présenté par la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ).

En 2016, 21 % des Québécois - trois fois plus qu'en 2009, lorsque cet indicateur a vu le jour - ont envisagé de se lancer en affaires ou de mettre sur pied une nouvelle entreprise. Toutefois, seulement 9,8 % des répondants à l'enquête ont franchi l'étape des démarches.

«Il faut démystifier les conditions pour se lancer en affaires, affirme la directrice principale des contenus et de l'innovation au Réseau M, Rina Marchand. Plusieurs estiment qu'il faut beaucoup de capital et des compétences étoffées pour y arriver. Or, il n'y a aucun entrepreneur qui démarre avec un portefeuille aussi complet d'outils.»

En 2015, 20,1 % des répondants avaient confié vouloir devenir entrepreneur et 10,2 % avaient entrepris des démarches à cet effet.

Selon Mme Marchand, la promotion des différentes initiatives visant à accompagner les entrepreneurs désireux de démarrer une entreprise doit tout simplement continuer afin que le «vent tourne».

Elle cite en exemple l'Institut d'entrepreneuriat mis sur pied par HEC Montréal ainsi que la campagne «devenir entrepreneur» de la CDPQ mise de l'avant en 2015 en collaboration avec la Banque Nationale et le Mouvement Desjardins.

«Cela ne fait pas si longtemps qu'il y a plusieurs joueurs spécialisés dans l'accompagnement, explique Mme Marchand. Néanmoins, il reste beaucoup de travail à faire pour transformer les rêves en action concrète.»

Elle croit également que les laboratoires réunissant des entreprises en démarrage - comme la Maison Notman à Montréal - jouent un rôle important pour déboulonner les mythes entourant l'entrepreneuriat.

«Ces endroits permettent de discuter avec d'autres entrepreneurs pour mieux identifier ce qui est nécessaire pour avancer, affirme Mme Marchand. En partageant des idées, on peut aller plus vite.»

Si 42 % des jeunes âgés de 18 à 34 ans songent à l'entrepreneurship, ce sont les immigrants qui arrivent au deuxième rang, à 32,3 %, loin devant les non immigrants, à 19,6 %.

D'après le chercheur de l'Institut Mihai Ibanescu, les nouveaux arrivants sont tout simplement plus enclins à se lancer en affaires, un phénomène qui ne s'observe pas seulement au Québec.

«Ils sont des preneurs de risques nés, souligne-t-il. Ils sont en quête d'une meilleure qualité de vie et plus enclins à sortir de leur zone de confort. Cela s'observe également aux États-Unis.»

L'Indice entrepreneurial note également que les femmes (16,3 %) songent moins à créer une entreprise que les hommes (25,9 %).

Pour Mme Marchand, cet écart doit absolument rétrécir au cours des prochaines années puisque les femmes représentent un «bassin important» de la population.

«Selon une simulation interne, si les femmes étaient aussi entreprenantes que les hommes, le taux d'entrepreneuriat serait 33 % plus élevé au Québec», affirme-t-elle.

Parmi les autres constats de l'enquête, le taux de fermeture est notamment demeuré stable en 2016, à 12,6 %, alors qu'il avait été de 12,3 % l'année dernière. Environ 58 % des entreprises ont fermé leurs portes moins de cinq ans après avoir vu le jour au Québec, ce qui s'inscrit dans la moyenne mondiale, d'après l'Indice.

L'Indice entrepreneurial brosse également quatre profiles définissant les entrepreneurs québécois, soit l'individualiste (47,6 %), l'enraciné (37,4 %), le chef de file (12,1 %) ainsi que le prudent (7,3 %).

Dans le cadre de la réalisation de son Indice entrepreneurial québécois, le Réseau M de la Fondation de l'entrepreneurship a sondé par internet 2515 répondants, dont 800 propriétaires d'entreprises ainsi que 1000 jeunes, entre le 19 avril et le 2 mai. La marge d'erreur est de plus ou moins 2,2 %, 19 fois sur 20.