La faiblesse du dollar canadien retardera peut-être le retour des Nordiques à Québec pour quelques années encore, mais elle remplit les hôtels montréalais, pour qui le jeune été s'annonce encore meilleur que celui de 2015, déjà qualifié d'« exceptionnel ».

Selon les plus récentes données disponibles, celles du mois de mai, les hôtels montréalais ont loué 79,4 % de leurs nuitées, contre 78,8 % en 2015, une année déjà qualifiée d'excellente. Les tarifs moyens de ces réservations ont aussi progressé, de 161,00 $ à 168,70 $.

« Le malheur des uns fait le bonheur des autres », constatait la présidente-directrice générale de l'Association des hôtels du Grand Montréal (AHGM), Ève Paré, peu de temps après la mauvaise nouvelle annoncée aux amateurs de hockey de Québec par Gary Bettman.

En fait, le revirement de tendance se fait sentir depuis juillet 2014, selon Mme Paré, et il est dicté principalement par le taux de change, qui ramène les Américains tout en incitant de nombreux Canadiens à rester au nord de la frontière.

PRIX DE L'ESSENCE

D'autres facteurs sont aussi entrés en ligne de compte l'an dernier, comme le rebond de l'économie américaine et le retour du prix de l'essence à des niveaux « raisonnables ».

« On vit aussi l'effet de la réduction de l'offre de chambres des années 2013 et 2014, note Mme Paré. Tout ça ensemble crée un climat favorable qui nous permet de faire du rattrapage après des années de vaches maigres. »

Sans dévoiler de chiffres, la directrice générale de l'hôtel Alt du quartier Griffintown, Marie-Pierre Germain, est elle aussi très satisfaite du début de l'année et optimiste pour le reste de l'été.

« Nous sommes déjà complets pour Osheaga, et je suis confiante pour les fins de semaine de Heavy MTL et ÎleSoniq. »

- Marie-Pierre Germain, directrice générale de l'hôtel Alt

Son hôtel, qui n'en est qu'à son troisième été, connaît sans trop de surprise une croissance par rapport à l'année dernière, mais c'est aussi le cas du Germain du centre-ville, membre du même groupe, confie-t-elle.

« Leur mois de juin est meilleur que l'an dernier, c'est probablement leur meilleur à vie. »

CLIENTÈLE AMÉRICAINE

« L'an passé, on notait le retour des Américains, et ça se confirme cette année », constate Andrée-Anne Pelletier, porte-parole de Tourisme Montréal.

Du côté statistique, Tourisme Montréal s'attarde surtout aux entrées aux frontières. De janvier à la fin d'avril, celles-ci ont progressé de 21 % en provenance des États-Unis et de 17 % pour les autres voyageurs internationaux par rapport à 2015.

À l'échelle de l'année, l'organisme prévoit une augmentation de 2,9 % du nombre de visiteurs, qui s'était élevé à 9,6 millions en 2015. Cet été, deux congrès d'affaires importants, le Forum social mondial et l'assemblée annuelle du NACUBO (une association universitaire internationale), viendront ajouter ensemble environ 50 000 visiteurs aux touristes d'agrément.

OFFRE AJUSTÉE

Sans parler de rareté, les hôtels de la zone du centre-ville de Montréal bénéficient d'un certain ajustement de l'offre réalisé particulièrement en 2013. Après la construction de plusieurs hôtels-boutiques au début des années 2000, puis une expansion de l'offre autour du Palais des congrès vers 2007 et 2008, les membres de l'Association des hôtels du Grand Montréal avaient pas moins de 17 500 chambres à offrir chaque nuit en 2012. « On était peut-être un peu en surcapacité », admet la PDG de l'association, Ève Paré. En 2013, les fermetures du Delta centre-ville (700 chambres), du Holiday Inn Midtown (500 chambres) et « de deux ou trois autres hôtels de taille moyenne » ont réduit l'offre d'un total d'environ 1700 chambres et soulagé leurs concurrents. Depuis, les quelques ouvertures de nouveaux hôtels n'ont ajouté qu'environ 350 chambres. Rien pour atténuer l'effet, surtout avec la fermeture temporaire du Reine Elizabeth et de ses 950 chambres qui seront soumises à des travaux de rajeunissement. « Ça va accentuer l'effet de compression », convient Mme Paré.