Un des rares projets d'investissement chinois dans le secteur manufacturier au Québec, sur le point de se réaliser, vient d'être refusé par le gouvernement canadien pour des raisons de sécurité nationale.

Beida Jade Bird voulait investir 30 millions dans la fabrication de systèmes d'alarme d'incendie à Saint-Bruno de Montarville. C'est apparemment trop près de l'Agence spatiale internationale au goût du gouvernement canadien qui, après avoir donné son accord au projet, s'est ravisé et l'a refusé après un examen plus poussé, ont expliqué à La Presse Affaires deux sources proches du dossier. Industrie Canada a notamment posé des questions sur la technologie qu'auraient utilisée les Chinois dans leur usine.

Aucune explication supplémentaire n'a pu être obtenue de la part d'Industrie Canada. « À cause des dispositions en matière de confidentialité de la Loi sur Investissement Canada, Industrie Canada ne peut faire de commentaires à ce sujet », a fait savoir une porte-parole.

L'implantation à Saint-Bruno de Maple Armor Canada, la nouvelle filiale de Beida Jade Bird, aurait été sa première usine à l'extérieur de la Chine. Le projet avait été annoncé en grande pompe le 19 août 2014. « Ce qui sera produit ici, ça ne sera pas "Made in China", mais "Made in Quebec for China" », s'était enthousiasmé le ministre de l'Économie, Jacques Daoust, lors de la traditionnelle cérémonie de levée de la première pelletée de terre.

Le terrain choisi par l'investisseur chinois est situé à 1,7 kilomètre de l'Agence spatiale canadienne qui, elle, se trouve dans le quartier Saint-Hubert de Longueuil. Ce terrain appartenait à la Ville de Saint-Bruno qui l'avait cédé à un prix d'ami à Beida Jade Bird.

AIDE DE QUÉBEC

Le gouvernement du Québec avait aussi consenti une subvention de 1 million et un prêt sans intérêt de 3 millions à l'investisseur chinois pour le convaincre de choisir le Québec.

Les Chinois investissent beaucoup à l'étranger dans le secteur des ressources naturelles, mais il est plutôt rare qu'ils fassent fabriquer ailleurs des produits pour leur marché local, comme ils voulaient le faire à Saint-Bruno.

Le président du conseil d'administration de Beida Jade Bird, Zhendong Xu, avait expliqué l'an dernier que l'entreprise voulait s'installer au Québec pour fabriquer des systèmes d'alarme avec les normes internationales les plus élevées, ce qui est très demandé sur le marché chinois.

Il n'a pas été possible de parler à un représentant de l'entreprise hier. Selon Investissement Québec, qui a fourni l'aide financière à Beida Jade Bird, des recherches sont en cours afin de trouver un autre emplacement pour accueillir l'usine qui devait employer 70 personnes.

PROCESSUS D'EMBAUCHE COMMENCÉ

Beida Jade Bird, qui avait commencé le processus d'embauche des employés, devra revendre le terrain de Saint-Bruno et payer à la Ville les pénalités prévues en cas de désistement.

La Ville a été prévenue le 23 avril dernier par Beida Jade Bird que l'investissement prévu ne pourrait se réaliser, à cause du refus d'Industrie Canada. Ni le maire Martin Murray, ni la responsable des communications de la Ville de Saint-Bruno n'ont voulu faire de commentaires.

Beida Jade Bird est une entreprise dont les actions sont inscrites à la Bourse de Hong Kong mais qui est contrôlée par le gouvernement de Pékin. Elle se décrit comme une société de développement de logiciels active dans plusieurs secteurs, dont celui des systèmes d'alarme d'incendie.