Griffintown accueillera l'un des plus gros centres de données jamais construits en milieu urbain au Canada, un projet de 70 millions de dollars qui devrait être terminé d'ici la fin de l'année.

Le groupe torontois Urbacon et le Fonds immobilier de solidarité FTQ sont partenaires à parts égales dans l'érection de ce bâtiment de 10 étages. En incluant toutes les sommes qui seront investies en matériel informatique par les futurs locataires - de 15 à 20 millions par étage -, les investissements totaux devraient frôler les 200 millions, a indiqué à La Presse Affaires Peter Russell, vice-président d'Urbacon.

«On est très fiers de dire que c'est un équipement de très haut niveau qui sera situé à Montréal, a-t-il indiqué. Il était à peu près temps que Montréal obtienne un tel centre.»

Le nouvel immeuble sera situé rue de l'Inspecteur, à côté d'une rampe d'accès du tunnel Ville-Marie. La tour gris charbon de 234 000 pieds carrés intégrera un ancien bâtiment industriel de quatre étages, qui sera converti en bureaux.

Nanosecondes

Selon le Fonds FTQ, ce projet générera environ 600 emplois, surtout pendant la phase de construction. Une fois terminé, l'immeuble abritera d'immenses serveurs informatiques et une ribambelle d'équipements à la fine pointe de la technologie, mais somme toute peu d'employés.

Pourquoi construire ce centre de données en plein coeur de la métropole, plutôt qu'au milieu d'un champ? Peter Russell fait d'abord valoir la proximité avec les entreprises du centre-ville - notamment dans le secteur financier -, qui bénéficieront d'un accès rapide à leurs serveurs.

La vitesse de transmission des données par fibre optique joue aussi un rôle crucial, précise-t-il. «Même si les signaux voyagent à la vitesse de la lumière, plus il y a d'interrupteurs, plus ça ralentit le signal. Si le signal doit voyager le long d'un câble de 60 km, cela lui prendra une fraction de seconde de plus pour se rendre à destination. Ces fractions de seconde peuvent avoir une valeur extrêmement élevée pour une société financière, qui fait des transactions sur les marchés boursiers.»

Urbacon, qui s'est spécialisée depuis 1984 dans la construction de centres de données, achève ces jours-ci un autre établissement au centre-ville de Toronto. Celui de Montréal demeurera néanmoins le plus vaste en son genre au Canada, selon l'entreprise.

Accent sur la sécurité

Des sommes importantes seront investies pour assurer une sécurité permanente du centre de données. Le vice-président d'Urbacon refuse d'entrer dans le détail, mais il précise que des systèmes de reconnaissance de la rétine seront entre autres installés.

À ce jour, des ententes ont été conclues pour la location d'environ la moitié des sept étages de serveurs. Peter Russell est confiant que la totalité sera louée d'ici à 24 mois. Il refuse de nommer les futurs locataires pour des raisons de confidentialité.

«Nous sommes convaincus que les entreprises à la recherche d'un centre de données sauront tirer avantage de ce nouvel immeuble, non seulement pour son emplacement stratégique, mais également pour la qualité du bâtiment», a indiqué Normand Bélanger, président-directeur général du Fonds immobilier de solidarité FTQ, qui cherchait depuis quelques années une vocation à ce terrain stratégique de Griffintown.

Certains travaux de démolition ont déjà démarré sur le terrain, et l'excavation devrait commencer dans deux semaines. Le bâtiment sera terminé d'ici la fin de 2015, selon Urbacon, mais l'aménagement intérieur des différents étages prendra davantage de temps.

Le projet sera annoncé officiellement ce matin dans le cadre du Forum stratégique sur les grands projets, organisé par la chambre de commerce du Montréal métropolitain.