L'industrie québécoise du jeu vidéo a perdu un précieux allié à Hollywood, du moins temporairement. Martin Tremblay, qui occupait depuis 2008 le poste de président de Warner Bros. Interactive Entertainment, a quitté l'entreprise vendredi, au terme de son contrat.

Joint vendredi à Los Angeles par La Presse, M. Tremblay a affirmé que son départ était le résultat d'une décision prise conjointement par les deux parties au mois de décembre.

«Les contrats américains sont un peu comme ceux d'un joueur de hockey, il y a une date de fin, a-t-il expliqué. À la fin, il y a un choix à faire des deux côtés. J'ai été là sept ans et j'ai eu deux contrats. J'ai pris la décision de partir et ils ont travaillé sur une restructuration de l'équipe en place. C'est un choix de non-renouvellement et on a travaillé à une transition ensemble.»

Warner a nommé David Haddad, jusque-là vice-président exécutif à l'édition, au poste de vice-président exécutif et directeur général. Contrairement à M. Tremblay, il ne portera donc pas le titre de «président».

De zéro à 1 milliard

M. Tremblay déclare quitter l'entreprise la tête haute.

«On est partis d'une entreprise qui n'était rien dans le domaine du jeu vidéo, sinon un concédant de licence, pour être aujourd'hui dans le top 5 mondial des éditeurs de jeux vidéo, très forts autant sur console que sur mobile. On est passés d'un chiffre d'affaires de presque zéro à presque 1 milliard maintenant.

«Je suis très fier et je suis content de partir pendant que l'entreprise est à son sommet. L'année 2015 va probablement être la plus lucrative. De gros titres arrivent, dont Batman Arkham Knight et Mortal Kombat, il y a toute l'explosion de nos investissements en mobile qui arrive...»

Son long séjour à la haute direction de Warner lui aura aussi permis d'en apprendre beaucoup sur les industries de la télévision et du cinéma, se réjouit-il.

Warner Montréal en bonne position

M. Tremblay assure par ailleurs que son départ devrait être sans conséquence pour le studio montréalais de l'entreprise, qu'il avait lui-même décidé de mettre en place.

«C'est sûr que j'ai été un défenseur du projet, mais aujourd'hui, ils se défendent très bien eux-mêmes, dit-il. Le talent y est, la qualité des jeux y est et ils ont des mandats importants dans l'entreprise. En plus, l'entreprise est solide.»

Quand on lui demande si le studio montréalais n'en devient pas tout de même plus vulnérable à des décisions qui lui nuiraient, M. Tremblay se fait rassurant.

«En date d'aujourd'hui, il n'y a aucun plan en ce sens, c'est même le contraire. Est-ce que les choses vont changer le 1er mars? Je n'en ai aucune idée. Mais je pense que l'avenir est très positif pour eux.»

Se disant toujours lié par contrat avec Warner, M. Tremblay a refusé de lever le voile sur ses prochains plans, sinon pour dire qu'il entendait demeurer aux États-Unis, mais n'excluait pas un retour en sol québécois.

Le parcours de Martin Tremblay

1999

Il arrive dans le domaine du jeu vidéo en devenant vice-président, finance et administration, puis vice-président directeur d'Ubisoft à Montréal. Il avait auparavant occupé des rôles similaires dans le domaine manufacturier, plus précisément chez le fabricant de murs-rideaux LBL SkySystems.

5 septembre 2000

Il est nommé président et chef de la direction d'Ubisoft à Montréal.

3 avril 2006

En brouille avec la haute direction de l'entreprise et avec celui qui allait devenir son successeur, Yannis Mallat,

il annonce sa démission d'Ubisoft Montréal.

20 avril 2006

Il prend la tête, à Los Angeles, de l'ensemble des studios de jeux vidéo d'une autre entreprise française, Vivendi.

Juin 2008

Il prend la tête de Warner Bros. Interactive Entertainment (WBIE), nouvelle division du géant du divertissement consacrée aux jeux vidéo.

27 février 2015

Il quitte la direction de WBIE au terme de son contrat.