Dans le monde du travail, l'année 2014 a été marquée par le combat des employés municipaux contre le projet de loi 3 sur la réforme des régimes de retraite.

Ce qui est aujourd'hui une loi vise le partage du coût des régimes de retraite et des déficits passés entre les employeurs et les cotisants.

Devant la grogne soutenue des retraités et des syndiqués du secteur municipal, l'opposition péquiste a obtenu au final que le projet de loi soit allégé. On a ainsi permis aux parties de s'entendre sur un partage à 45-55 plutôt que 50-50 du coût du régime et des déficits passés. En cas de désaccord persistant, la règle du partage à parts égales prévaudra, comme c'était prévu au départ.

Malgré plusieurs manifestations qui se sont bien déroulées, ce sont les images du grabuge à l'hôtel de ville de Montréal, le 18 août, qui sont restées dans l'esprit de plusieurs. Ce triste épisode a entraîné de nombreuses sanctions contre des pompiers de Montréal, des cols blancs et des cols bleus.

Un autre fait marquant de l'année 2014 dans le milieu du travail a été l'entente «moitié-moitié» dans les seuls secteurs de l'industrie de la construction qui n'étaient pas parvenus à renouveler leurs conventions collectives à l'été 2013, soit les secteurs industriel d'une part et commercial et institutionnel d'autre part.

Le gouvernement du Québec avait même prolongé les conventions collectives dans ces secteurs pour une durée d'un an, en 2013, afin de laisser le temps aux parties de conclure un accord. Et les discussions avaient tardé à reprendre en 2014.

Une entente de principe est finalement intervenue in extremis. Le résultat du vote des cinq organisations syndicales illustre on ne peut mieux la fissure qui s'est produite au sein de l'Alliance syndicale qui avait pourtant négocié cette entente. La plus importante des cinq, la FTQ-Construction, qui représente à elle seule 44 pour cent des ouvriers, avait voté à 96 pour cent contre l'entente de principe, alors que les quatre autres organisations syndicales représentant l'autre moitié avaient voté à 86 pour cent en faveur. L'entente est donc entrée en vigueur et s'applique maintenant à tous.

De même, le 27 juin, une interminable saga a connu un dénouement spectaculaire: la Cour suprême du Canada a finalement donné raison aux 190 anciens employés du magasin Walmart de Jonquière, fermé en 2005 alors qu'ils venaient de se syndiquer. Il s'agissait alors du premier magasin Walmart en Amérique du Nord à avoir un syndicat.

Les Travailleurs unis de l'alimentation et du commerce, affiliés à la FTQ, ont toujours soutenu qu'il s'agissait d'une fermeture pour se débarrasser du syndicat, mais la direction de Walmart avait soutenu à l'époque que le magasin n'atteignait pas ses objectifs. Le plus haut tribunal du pays a aussi ordonné qu'il y ait réparation.

Comme il est impossible d'ordonner que les anciens employés soient réembauchés, puisque le magasin n'a jamais été rouvert, la Cour suprême a référé la cause à un arbitre du travail, qui devra déterminer la réparation appropriée. On attend la suite en 2015.

L'article 59 du Code du travail du Québec prévoit en effet un gel des conditions de travail pendant un processus de syndicalisation. Or, la fermeture du magasin par Walmart avait entraîné les pertes d'emplois, donc une modification de ces conditions de travail, avait statué la Cour suprême.

La négociation entre l'État et les médecins spécialistes pour l'étalement des hausses prévues de leur rémunération a aussi retenu l'attention cette année. Les Québécois ont assisté à un bras de fer entre l'ancien président de la Fédération des médecins spécialistes Gaëtan Barrette, aujourd'hui ministre de la Santé, et sa successeure à la FMSQ, Diane Francoeur.

En septembre, les spécialistes ont finalement accepté d'étaler les hausses prévues, vu la volonté ferme du gouvernement Couillard d'atteindre l'équilibre budgétaire pour l'exercice 2015-2016. Finalement, les sommes dues seront versées sur sept ans et 85 pour cent des sommes dues en 2014-2015 et 2015-2016 seront étalées.

Un autre fait marquant du monde du travail en 2014 a été la victoire, en août, des syndiqués de l'usine de découpe de porc d'Olymel, à Saint-Simon en Montérégie. Un arbitre a donné raison aux syndiqués de la CSN qui contestaient la fermeture de leur usine, en avril 2007, alors qu'une lettre d'entente annexée à la convention collective stipulait que l'employeur devait poursuivre le travail de découpe de porc effectué à Saint-Simon jusqu'à la fin de l'application de la convention collective à l'automne 2007.

Selon la CSN, les sommes dues aux travailleurs pour la période visée pourraient atteindre 14 millions $ en salaires et avantages sociaux perdus.

En septembre, la direction d'Olymel a toutefois demandé à la Cour supérieure de réviser cette décision de l'arbitre. On attend la suite en 2015.

Olymel avait fermé son complexe d'usines d'abattage et de découpe de porcs de Saint-Valérien et de Saint-Simon en 2007. Elle affirmait alors que la situation était difficile dans l'industrie du porc.

En cette fin d'année 2014, les négociations du secteur public qui s'amorcent s'annoncent ardues, encore une fois. Le gouvernement Couillard prêche l'austérité, veut réduire les effectifs, alors que les syndiqués du secteur public et parapublic font valoir qu'ils gagnent déjà moins que leurs collègues syndiqués du secteur privé. Le 15 décembre, le gouvernement leur a présenté des offres de gel salarial durant deux ans, suivi de trois augmentations de 1 pour cent par année. De plus, il veut reporter l'âge de la retraite de 60 à 62 ans.

Avant même de recevoir ces offres gouvernementales qualifiées de «gifle», les syndicats étaient remontés au front contre l'austérité du gouvernement. Deux manifestations simultanées ont réuni plusieurs dizaines de milliers de personnes, à Québec et à Montréal, le 29 novembre. Et les syndicats fourbissent leurs armes en prévision d'une phase 2 à ce plan de lutte contre l'austérité en 2015.