Une fois n'est pas coutume: le député péquiste Pierre Karl Péladeau (PKP) est d'accord avec le ministre libéral Jacques Daoust pour réduire les subventions aux entreprises, qui coûtent plus de 100 millions de dollars par année à Québec.

«Chaque situation a sa singularité, mais oui, nous devrions être plus attentifs à l'octroi des subventions et des autres aides publiques pour nous assurer que l'argent des contribuables ait un impact efficace sur l'économie», a déclaré hier le porte-parole de l'opposition officielle en matière d'économie, en entrevue avec La Presse Affaires.

De plus, à l'instar du ministre de l'Économie, l'actionnaire de contrôle de Québecor ne s'oppose pas à ce que le gouvernement recoure davantage aux prises de participation en capital-actions pour donner un coup de pouce aux entreprises.

À son avis, le bras financier du gouvernement, Investissement Québec, ne devrait pas se placer «en concurrence avec les institutions financières» privées en multipliant les prêts garantis aux entreprises. Il rappelle que l'État peut consentir des prêts non garantis, plus risqués mais aussi plus rémunérateurs.

Pierre Karl Péladeau refuse toutefois de préciser davantage sa vision du rôle de l'État dans le développement économique, affirmant que la redéfinition du soutien public aux entreprises «doit être intégrée à l'intérieur d'une politique industrielle». Il reproche d'ailleurs au gouvernement Couillard d'avoir mis de côté la politique industrielle de l'administration précédente et de ne pas en préparer une autre.

Le cas Dessau

Mais c'est quand il aborde la vente de la firme québécoise d'ingénierie Dessau au géant albertain Stantec que M. Péladeau s'enflamme le plus. «Quand on est autre chose qu'un banquier, on s'organise pour faire en sorte de trouver des solutions», lance-t-il, faisait allusion au passé de M. Daoust à la Banque Nationale et à la Banque Laurentienne.

«Quand j'étais président du conseil d'administration d'Hydro-Québec [l'an dernier], combien de fois ai-je entendu: «Dessau, c'est fragile, c'est une cible potentielle (d'acquisition)?» On voyait ça venir, c'était écrit gros dans le ciel et il n'y a personne qui a fait quoi que ce soit. Je pense que c'est le rôle du Ministère d'agir. Pas de faire un chèque de 100 millions, mais d'organiser un tour de table.»

Pierre Karl Péladeau soutient que le gouvernement aurait dû réunir des investisseurs privés pour les inciter à injecter des capitaux dans Dessau, qui est en mauvaise posture financière en raison de scandales de collusion et de corruption. La semaine dernière, un porte-parole du Fonds de solidarité FTQ a indiqué que l'institution «n'a jamais reçu de dossier» à propos de Dessau.

Selon M. Péladeau, il ne faut pas se faire d'illusions: le siège social de l'entreprise finira par quitter Montréal, comme ce fut le cas pour Provigo il y a une dizaine d'années. «Je le sais: comme dirigeant d'entreprise, on est assujetti à des considérations différentes, dit-il. Alors oui, j'en ai fermé des sièges sociaux après des transactions [chez Québecor]. C'est normal, ça fait partie des synergies.»