Des manifestants ont réclamé des salaires de 15 $US l'heure pour les employés de McDonald's aux États-Unis, jeudi, à l'occasion de l'assemblée annuelle des actionnaires de la chaîne de restauration rapide. Les élus démocrates veulent faire passer le salaire horaire minimum de 7,25 $US à 10,10 $US d'ici deux ans et demi. Au Québec, les économistes Marcel Boyer et Nathalie Elgrably-Lévy, qui gravitent autour de l'Institut économique de Montréal (IEDM), le groupe de réflexion de droite, suggèrent son abolition.

Les deux économistes proposent de le remplacer par une sorte de revenu minimal garanti, dont les modalités restent à être précisées.

«Cette politique permettra de réduire, voire d'éliminer, le chômage involontaire et contribuera à rendre le travail plus valorisant et mieux reconnu socialement, même en ce qui concerne les travailleurs à faible revenu», lit-on dans leur ouvrage Réinventer le Québec, Douze chantiers à entreprendre, paru chez Stanké en mars dernier.

M. Boyer et Mme Elgrably-Lévy étaient les invités d'une causerie organisée par l'Institut économique de Montréal le mercredi 21 mai dans un hôtel du centre-ville.

«[Le revenu minimum garanti] serait une forme d'aide sociale améliorée parce que plus incitative. On dit aux gens: allez vous chercher des emplois et on va vous donner une bonification», a précisé le professeur Boyer, en entrevue après sa conférence.

Peu d'enthousiasme

Cette proposition ne suscite toutefois guère d'enthousiasme auprès des porte-parole d'associations patronales qui devraient pourtant figurer parmi ses plus ardents partisans. «On a appris à vivre avec le salaire minimum», a simplement dit Norma Kozhaya, directrice de la recherche pour le Conseil du patronat du Québec, lorsque interrogée mercredi dernier. «Il faut faire attention à sa progression par rapport à la moyenne des salaires. On est à un point d'équilibre», a-t-elle ajouté.

Au Québec, le salaire minimum est passé de 9,00 $, le 1er mai 2009, à 10,35 $, depuis le 1er mai dernier. Une hausse de 15 % en cinq ans.

«On n'a jamais demandé l'abolition du salaire minimum à la FCEI [Fédération canadienne de l'entreprise indépendante], a indiqué sa vice-présidente pour le Québec, Martine Hébert. Les hausses du salaire minimum créent des pressions sur l'ensemble des structures salariales des petites entreprises.»

Selon elle, si le salaire minimum augmente de 4 % une année, les employés réclameront une hausse du même ordre de grandeur que celle accordée aux employés payés au salaire minimum.

Au Centre sur la productivité et la prospérité de HEC Montréal, qui n'est pourtant pas un repaire de syndicalistes, on affiche le même désintéressement à l'égard de l'abolition du salaire minimum. «C'est sûr qu'en fonction d'une analyse économique 101 de l'offre et de la demande, un salaire minimum crée du chômage, dit son directeur, Robert Gagné. Empiriquement, on n'a pas mesuré d'impacts majeurs sur le taux de chômage, même chez les jeunes, tant que le salaire minimum reste dans une fourchette entre 42 et 45 % du salaire moyen.»