L'économie québécoise a rencontré plusieurs écueils au cours de l'année 2013, ce qui a contribué à un climat de morosité qui explique en grande partie le report de deux ans de l'équilibre budgétaire initialement prévu en 2013.

La faible performance de plusieurs indicateurs fait en sorte que le produit intérieur brut progressera d'un peu moins d'un pour cent en 2013.

«C'est la plus faible (croissance) depuis la récession de 2008-2009, note l'économiste principale au Mouvement Desjardins, Hélène Bégin. On a connu un bon départ en début d'année qui s'est gâché par la suite.»

Elle note que le marché résidentiel s'est refroidi au cours de la dernière année, notamment avec une baisse de 20 pour cent des mises en chantier ainsi qu'un recul de 10 pour cent des ventes de maison.

«Les prix des maisons ont progressé de près de deux pour cent, mais du côté du condo, la diminution s'est amorcée, notamment dans les grandes régions de Montréal et de Québec, avec un recul moyen entre 0,1 et 1 pour cent», souligne Mme Bégin.

D'après elle, cette tendance devrait se poursuivre en 2014.

La province devrait terminer l'année 2013 avec quelque 44 600 emplois créés, ce qui est un résultat quand même positif compte tenu des nombreuses variations, croit l'économiste.

Toutefois, d'après les données dévoilées au début du mois de décembre par Statistique Canada, cette création d'emplois est surtout attribuable à l'ajout d'emplois à temps partiel, alors que le nombre d'emplois à temps plein a régressé.

«Il y a eu une importante détérioration au cours de l'été, mais ça s'est ensuite replacé, affirme Mme Bégin. Ce n'est pas mauvais, mais ça reflète quand même un manque de vigueur de l'économie.»

D'après Statistique Canada, cette période estivale difficile en ce qui a trait au marché québécois de l'emploi s'était traduite par une perte nette de 5000 emplois au mois d'août dernier par rapport à juillet.

Le taux de chômage devrait quant à lui s'établir à 7,7 pour cent à la fin de 2013. «Encore une fois, ce n'est pas mauvais, mais on se serait attendu, après 2008-2009, qu'il baisse davantage, note l'économiste principale du Mouvement Desjardins. Le marché du travail a été décevant.»

L'inflation annuelle, inférieure à un pour cent en 2013, représente peut-être une bonne nouvelle pour les consommateurs, mais il en va tout autrement pour les recettes du gouvernement du Québec.

«Il y a d'autres facteurs, mais c'est certain que ça fait grandement en sorte que les revenus (du gouvernement) n'ont pas été à la hauteur des attentes», explique Mme Bégin.

Le 28 novembre dernier, le ministre des Finances, Nicolas Marceau, a ainsi confirmé ce qui devenait de plus en plus inévitable: le Québec devra attendre au moins deux ans avant de passer à l'encre noire dans ses livres comptables.

Promis l'an prochain, le retour du déficit zéro a ainsi été reporté en 2015-2016. Le déficit devrait atteindre 2,5 milliards $ en 2013-2014 et 1,7 milliard $ l'année suivante.

«C'est un peu décevant, reconnaît l'économise Alex Koustas, de BMO Marchés des capitaux. La capacité du gouvernement à pousser l'économie n'est pas là. Il n'aura plus vraiment le choix d'intervenir pour pousser les choses.»

Ce report de l'équilibre budgétaire va également forcer Québec à mettre les bouchées doubles pour éviter que l'écart se creuse avec ses cibles, selon Marc Pinsonneault, économiste principal à la Banque Nationale.

«Les revenus qui sont perdus cette année par le gouvernement sont perdus une fois pour toutes, observe-t-il. Il devra ajuster ses cibles de dépenses en conséquence. L'inflation que nous n'avons pas eu cette année, je ne crois pas que nous l'aurons l'année prochaine.»

M. Pinsonneault souligne que la croissance prévue des dépenses de 2,5 pour cent l'an prochain est ramenée à deux pour cent et que la situation sera similaire en 2015, où la croissance de 3,2 pour cent est révisée à deux pour cent.

«Pour 2015-2016, il y a encore 1 milliard $ de mesures à identifier, ajoute-t-il. On va souhaiter que ça ne soit pas des hausses d'impôt et de taxes.»

Les trois économistes estiment cependant que les nouvelles devraient être meilleures en 2014, du moins en ce qui a trait à la croissance du PIB du Québec, qui devrait doubler pour atteindre 1,8 pour cent. Pour 2015, le Mouvement Desjardins prévoit une croissance de 2,1 pour cent.

«Ce n'est pas exceptionnel, mais au moins nous retournons dans des standards», estime Mme Bégin. L'économie du Québec devrait être tirée par celle des États-Unis. La croissance du PIB américain, qui devrait être de 1,7 pour cent cette année, devrait être de 2,8 pour cent en 2014.»

D'après M. Pinsonneault, cette situation devrait faire en sorte que les exportations québécoises devraient progresser de façon plus marquée en 2014, soit de 3,8 pour cent.

«Cette légère accélération des exportations va faire toute la différence (sur la croissance québécoise du PIB)», croit cet économiste principal de la Banque Nationale.