Québec va donner un coup de pouce aux PME manufacturières pour les aider à mieux traverser la période de turbulence économique.

Au total, le gouvernement Marois prétend consacrer 1 milliard de dollars en quatre ans pour soutenir et relancer ce secteur d'activités frappé par des pertes d'emplois.

C'est ce qu'indique la nouvelle politique industrielle rendue publique jeudi par la ministre Élaine Zakaïb, qui a rappelé que le secteur manufacturier accaparait 88% des exportations québécoises, d'où la nécessité d'y accorder toute l'importance qu'il mérite.

À court terme, pour redresser la situation, les PME manufacturières auront droit à des crédits d'impôt bonifiés si elles se lancent dans la modernisation de leur entreprise pour devenir plus compétitives et plus vertes. Ainsi, elles auront droit à un remboursement pouvant atteindre 50% des coûts à l'achat d'équipement de production.

Québec veut aussi stimuler plus directement 300 petites entreprises manufacturières triées sur le volet, particulièrement innovantes et performantes, et transformer une vingtaine d'entre elles en moyennes entreprises d'ici quatre ans. Ces entreprises, qui seront qualifiées de «gazelles», pourront bénéficier d'un accompagnement personnalisé pour «devenir nos fleurons de demain».

De plus, on verra à mettre sur pied un Conseil des partenaires de l'industrie manufacturière, auquel participeront notamment les syndicats, le Centre de recherche industrielle du Québec (CRIQ) et Investissement Québec.

D'ici quatre ans, on prévoit au total injecter 461 millions pour rendre les entreprises plus modernes et plus écologiques, 254 millions pour l'émergence de nouveaux fleurons industriels et 328 millions consacrés à l'innovation, la recherche de nouveaux produits et leur commercialisation.

«Il ne faut pas baisser les bras» malgré les difficultés du contexte économique actuel, a fait valoir la ministre Zakaïb, en conférence de presse.

«Il faut qu'on continue de développer notre économie et il y a des mesures qui sont des mesures à court terme. On pense que les mesures de crédits d'impôt vont avoir un effet immédiat» de stimulation économique, a-t-elle ajouté.

L'opposition libérale a réagi en disant qu'on ignorait d'où provenait l'argent annoncé par la ministre. «On va hypothéquer l'avenir», selon le porte-parole libéral en économie, Sam Hamad, parce que «l'argent n'est pas là», vu la baisse de revenus enregistrée dans les coffres de l'État au cours des derniers mois. Selon ses calculs, Québec n'a annoncé que 32 millions de mesures immédiates, pour 2013-2014, ce qui sera bien peu pour redresser la situation.

La Coalition avenir Québec (CAQ) a pour sa part tourné en dérision l'apparition des «gazelles» dans le décor.

Le député caquiste porte-parole en économie, Stéphane Le Bouyonnec, a jugé que ce n'était pas le rôle du gouvernement de «materner» ainsi les entreprises.

«Ce n'est pas le rôle du gouvernement de choisir les gagnants et les perdants, et de toute façon (la ministre) ne trouvera pas 300 gazelles parce que les gazelles sont étouffées. Ce que nous voyons aujourd'hui, c'est plutôt un gouvernement éléphantesque, là, plutôt que 300 gazelles dans le paysage économique du Québec», selon lui.