Le Québec est à deux mois d'une récession, a soutenu hier matin le chef de l'aile parlementaire libérale, Jean-Marc Fournier. Croisant le fer avec la première ministre Pauline Marois, il a relevé qu'au cours des quatre derniers mois, le produit intérieur brut (PIB) québécois avait accusé un recul. Avec six reculs consécutifs, les économistes décrètent qu'une économie est en récession.

La veille, l'Institut de la statistique du Québec (ISQ) a annoncé que le produit intérieur brut réel a reculé de 1,4% en juin. Pour l'ensemble du trimestre, le PIB réel recule de 2,9% en rythme annuel, alors qu'il a progressé de 1,7% d'un océan à l'autre.

Autant de munitions pour le libéral Fournier à l'Assemblée nationale. «Le 28 août dernier, Desjardins annonce: «L'économie est en panne», le 7 septembre, Statistique Canada annonce: «L'emploi recule encore au Québec», le 14 septembre, le Bureau des faillites du Canada annonce que 50% des faillites commerciales canadiennes sont au Québec! Aujourd'hui [hier], l'Institut de la statistique du Québec nous annonce que le PIB réel, c'est -0,7%. L'économie était en panne, maintenant elle recule», de lancer M. Fournier.

«En mars, -0,2%; en avril, -0,2%; en mai, -0,1%; en juin, -1,4%. Quatre mois consécutifs. Il n'y en a pas ailleurs. Là, au Québec, sous votre gouverne, avec votre budget, nous sommes à deux mois d'une récession», a-t-il martelé.

Pauline Marois estime qu'il s'agit d'une «situation ponctuelle, temporaire, que nous rattraperons dans les prochains mois», et le coup de barre nécessaire est déjà en application.

«L'économie du Québec a progressé plus lentement que ce qui avait été prévu, de 0,9%, pendant que l'économie canadienne a progressé de 1,4%, de constater Mme Marois. Le Québec ne vit pas... n'est pas une île déserte au milieu de l'océan. Le Québec vit dans un contexte mondial. Son grand voisin américain, les voisins que sont les autres provinces nous indiquent exactement, exactement les mêmes paramètres économiques. Nous faisons très bien les choses.»

Car tant au Québec qu'au Canada, l'économie fait moins bien que prévu. Ce devait être une croissance de 1,3% au Québec, en 2013, et de 1,7% au Canada. «Dans les deux cas, il y a eu un ralentissement. Ce n'est pas propre à la situation québécoise, c'est propre à la situation de l'économie en général et de nos partenaires qui vivent exactement les mêmes résultats», a-t-elle dit.

Impact de la construction

Pour Pauline Marois, après un coup de frein venu de la grève dans la construction, l'économie va rebondir. «Les statistiques montrent, au troisième trimestre, une forte croissance des permis de bâtir non résidentiels, et donc on prévoit un rebond», a-t-elle soutenu. Toutefois, le repli de juin, le plus important des quatre enregistrés cette année, n'est pas uniquement attribuable à l'industrie de la construction. Si on l'exclut du calcul, la décroissance se chiffre tout de même à 0,3%.

Les voyants rouges

«Le gouvernement doit admettre la réalité plutôt que de faire semblant qu'elle n'existe pas», lance Jean-Marc Fournier. Ce dernier affirme que Mme Marois «préfère ne pas voir les indicateurs au rouge, elle préfère regarder dans le garde-robe des Québécois», une allusion aux intentions de Québec en ce qui a trait aux signes religieux visibles.

Emploi

«Pour moi, l'emploi est une obsession, a-t-elle lancé. On a contribué à des investissements de 6 milliards avec 2 milliards de contributions.» Les investissements de cette année s'élèvent à 6 milliards, grâce à l'appui de 2 milliards de dollars du gouvernement qui, essentiellement, consolident ou créent des emplois.

Exportations

«Les exportations ont retrouvé le niveau de 2007, après un creux majeur. On a remis de l'ordre dans les finances publiques qui étaient dans un état désastreux», a-t-elle répliqué.

Le C du CPQ

Le Conseil du patronat du Québec a donné, cette semaine, un C à l'action économique qui se fait au Québec. Or, pour Pauline Marois, cette note mitigée est à porter au compte du Parti libéral du Québec et de son gouvernement. «Ce sont des données qui portent essentiellement sur 2011-2012!»