Le gouvernement du Québec dévoilera au tout début de la semaine prochaine à Lac-Mégantic les modalités d'un plan d'aide d'urgence de 10 millions de dollars pour l'économie locale et les entreprises affectées par la catastrophe ferroviaire du week-end dernier.

La gestion de ces mesures d'urgence s'effectuera à partir d'un guichet gouvernemental unique qui sera implanté à Lac-Mégantic à compter de lundi, a-t-on indiqué au ministère des Finances et de l'Économie.

Le lendemain, mardi, la ministre du Développement économique, Élaine Zakaïb, prévoit se rendre à Lac-Mégantic pour annoncer les détails de ce plan d'aide d'urgence à l'économie locale et aux PME les plus éprouvées par la tragédie.

Mercredi, la première ministre Pauline Marois a annoncé un plan d'aide d'urgence de 60 millions pour Lac-Mégantic. Une première enveloppe d'urgence de 25 millions doit être rapidement rendue disponible. De cette enveloppe, 10 millions sont prévus en mesures d'urgence pour relancer l'économie.

Pas moins de 80 commerces ont été touchés et ont depuis suspendu leurs activités, comme des études de notaire ou des petites entreprises, dont deux salons funéraires. Leurs employés n'ont plus de travail pour l'instant.

Parmi les aides d'urgence attendues, qui sont encore en élaboration détaillée ce week-end, on fait état des mesures du ministère de la Sécurité publique pour la réparation et le remplacement des biens et des infrastructures qui sont considérés essentiels pour les entreprises touchées.

Interruptions forcées

Par ailleurs, le ministère des Finances et de l'Économie et la société d'État Investissement Québec offriront des mesures de financement temporaire et des garanties à court terme aux entreprises affectées par une interruption forcée de leurs activités et des surcoûts de redémarrage. Cette aide financière d'urgence serait plafonnée à 800 000$ par entreprise.

Des mesures spéciales seront aussi offertes sous la forme d'avis-conseil pour le rétablissement des activités d'affaires et de gestion des besoins de main-d'oeuvre.

À l'occasion de sa visite, mardi, la ministre du Développement économique prévoit aussi rencontrer des intervenants économiques de Lac-Mégantic avec d'amorcer la définition du deuxième volet du plan de relance économique, pour lequel on prévoit ajouter 10 autres millions de dollars.

Les PME rassurées

Une semaine après la tragédie de Lac-Mégantic, beaucoup d'entreprises sinistrées se disent confiantes de voir le gouvernement Marois les appuyer jusqu'à ce qu'elles se sortent la tête de l'eau.

Mercredi dernier, la première ministre a annoncé une enveloppe immédiate de 10 millions pour venir en aide aux entreprises de la municipalité.

«Je suis rassuré, parce qu'on voit que tous les gens sont là. Les gouvernements sont là à nous appuyer. On verra comment ça va s'appliquer à nous autres», s'est réjoui Béland Audet, président de l'entreprise Logi-Bel, spécialisée en logistique du transport.

L'arrêt complet du trafic ferroviaire nuit grandement à ses affaires, puisque le secteur industriel de la ville est dépendant du passage des trains pour l'approvisionnement et l'expédition.

La famille Jacques, propriétaire du centre funéraire local, s'est aussi dite satisfaite de l'annonce du gouvernement.

Une grande partie des installations de l'entreprise a été rasée par les flammes et l'explosion. L'ensemble de la section administrative et des archives n'existe plus, alors que six véhicules sont partis en fumée. «Tout ce qui tient debout, c'est le crématorium et une salle d'exposition», a décrit François Jacques, l'un des propriétaires. Ce niveau de dévastation fait craindre que l'enveloppe actuelle ne soit pas suffisante.

«On est dans les entreprises les plus touchées, donc dans notre cas, il va en manquer», a indiqué M. Jacques. Toutefois, «c'est un très bon départ, c'est une nouvelle qui fait du bien. On sent que le gouvernement est là pour nous appuyer».

Isabelle Hallé, porte-parole de la chambre de commerce locale, a indiqué à La Presse que le sentiment général était positif dans la communauté d'affaires vis-à-vis de ce qu'elle appelle le «plan Marois».

«C'est un programme qui est généreux et ce n'est qu'un début. Nous le savons, les gens nous l'ont dit, a-t-elle affirmé, flanquée du président de la chambre. C'est très apprécié, notamment en raison de la rapidité d'action du gouvernement, de ce qu'il a mis en place.»

La «zone grise»

Certains commerçants et industriels s'inquiètent toutefois de la suite des choses, a ajouté Mme Hallé. La «zone grise» constituée par l'important «manque à gagner» créé par le désastre devra être comblé, a-t-elle averti.

Tous s'entendent pour dire que le gouvernement devra faire preuve de souplesse quant aux critères d'admissibilité à l'enveloppe prévue. Ils disent toutefois ne pas avoir de craintes particulières à ce sujet.

«On voit de la souplesse et on sait qu'il va y en avoir, a estimé Isabelle Hallé. C'est sûr qu'il faut analyser tout ça et qu'il va y avoir beaucoup de situations particulières sur lesquelles on va devoir se pencher. À l'heure actuelle, on est là-dedans.»