Force est de constater que, si l'économie canadienne poursuit son petit bonhomme de chemin qui fait envie, ce n'est pas le cas de sa société distincte.

Au cours des six premiers mois de 2013, il s'est ajouté 81 400 emplois d'un océan à l'autre, la quasi-totalité étant concentrée à l'ouest du Québec où on en a plutôt soustrait 10 000.

En juin, l'emploi était stable au Canada (- 400 sur un total de 17 749 000), mais a reculé de 8400 (sur 4 042 600) au Québec, selon les données de l'Enquête sur la population active (EPA) de Statistique Canada.

Ces données font suite aux statistiques insoutenables de mai où l'agence fédérale avait compté 95 000 emplois de plus qu'en avril, dont le cinquième environ au Québec.

Le taux de chômage est passé de 7,7 à 7,9%, de mai à juin, au Québec. En janvier, il se situait à 7,1%. L'écart avec l'Ontario est maintenant de quatre dixièmes, au profit de notre voisine dont le taux de chômage avait dépassé celui du Québec, depuis les débuts de la récession jusqu'à l'hiver dernier.

Au Canada, le taux de chômage n'a pas bougé de mai à juin, à hauteur de 7,1%, ce qui est un dixième plus élevé qu'en début d'année.

Quelque 10 000 emplois de moins en six mois au Québec, cela peut paraître petit. Si on n'est pas prêt à oublier l'augmentation du nombre de personnes qui ont grossi les rangs de la population active cette année, on observe 24 800 chômeurs de plus. D'un océan à l'autre, on en compte pourtant 3300 de moins.

Les 10 000 emplois perdus masquent une réalité peut-être encore plus sombre. Ce nombre est le résultat de 39 400 emplois à temps plein de moins compensés par 29 400 à temps partiel.

Exprimé en heures de travail, cela représente une diminution de 1,7% qui aura pesé sur la croissance et les rentrées fiscales dont Québec a terriblement besoin pour atteindre l'équilibre budgétaire.

L'EPA, qui compte un échantillon de 56 000 ménages, a été réalisée du 9 au 15 juin. Elle a donc capté seulement l'effet de la première des deux semaines de la grève dans l'industrie de la construction.

La deuxième a aussi soustrait son lot d'heures.

Si les heures travaillées en moins diminuent les recettes fiscales, alors l'équilibre budgétaire doit reposer davantage sur le contrôle des dépenses que le Conseil du Trésor surveille déjà avec le plus grand soin.

Québec ne peut plus compter sur des économies au service de sa dette puisque les taux d'intérêt obligataires se sont mis à remonter. Ainsi mardi, il a émis une nouvelle tranche de 500 millions de son obligation venant à échéance en 2045. Il a dû consentir un rendement de 3,940% à ses prêteurs. Sur une base historique, cela reste avantageux. C'est toutefois plus cher payé que les taux de 3,707% et 3,530% exigés en mai et en avril par ses bailleurs de fonds.

Un malheur n'arrivant jamais seul, le gestionnaire de portefeuille PIMCO, qui détient quelque 1800 milliards de dollars en obligations, a fait volte-face hier. Alors qu'il recommandait l'achat d'obligations provinciales de longue durée il y a à peine deux mois, il annonce qu'il va vendre une partie de celles qu'il détient. Les coûts d'emprunt du Québec vont continuer d'augmenter.

Autrement dit, le Québec doit absolument relancer sa croissance.

Au Canada, le nombre d'heures travaillées a marginalement augmenté, reflet du partage presque moitié-moitié des nouveaux emplois à temps plein et à temps partiel.

À l'échelle canadienne, il s'est perdu un peu plus de 60 000 emplois en usines, dont la moitié au Québec, où est concentré 27% de l'emploi manufacturier du pays.

Au Québec, c'est dans le transport et l'entreposage ainsi que dans l'hébergement et les services de restauration que les embauches ont été les plus nombreuses cette année. À l'échelle canadienne, c'est plutôt dans les services aux entreprises et dans la construction.

Minces consolations, le marché du travail américain continue de prendre du mieux avec 195 000 embauches nettes en juin, tandis que le huard continue de perdre des plumes face au billet vert.

Puissent nos exportateurs en tirer parti!