À ses débuts au grand écran cet été, Louis Cyr aura besoin de sa réputation d'homme le plus fort du monde: son personnage portera sur ses épaules le sort du cinéma québécois au box-office cette année.

Déjà aux prises avec une baisse marquée en 2012, le cinéma québécois a vu ses parts de marché diminuer une nouvelle fois depuis le début de l'année. Pour la période du 4 janvier au 13 juin 2013, les films québécois ont généré 2,47% du box-office au Québec, comparativement à 3,45% durant la même période en 2012, selon la firme Cinéac.

Il est néanmoins encore tôt pour tirer des conclusions sur l'année 2013 du cinéma québécois. La raison de ce bémol: les films québécois les plus populaires au box-office prennent généralement l'affiche durant la deuxième moitié de l'année. Comme le drame biographique Louis Cyr - L'homme le plus fort du monde (12 juillet) et la comédie Hot Dog (9 août) cette année.

«On met beaucoup de poids sur les épaules de Louis Cyr, dit Pascale Dubé, directrice générale de Cinéac, qui compile les données du box-office québécois. Par contre, il n'y avait pas de grosse comédie qui a marché l'été dernier. Si Hot Dog fonctionne bien, ça pourrait changer les choses.»

Entre 2006 et 2011, les parts de marché du cinéma québécois au box-office ont varié de 8,8 à 12,8% par année. Puis, en 2012, les films québécois n'ont généré que 4,8% des recettes au box-office. Les données pour les 23 premières semaines de l'année 2013 annoncent une nouvelle baisse: les 38 films québécois ont généré 2,47% du box-office, comparativement à 3,45% pour 21 films québécois à la même période en 2012. «C'est possible que ça continue à diminuer pour l'ensemble de l'année», dit Pascale Dubé.

Du 4 janvier au 13 juin, un seul film, La légende de Sarila (429 000$), a rapporté plus de 100 000$ au box-office. À la même période l'an dernier, cinq films québécois avaient déjà franchi ce seuil (La peur de l'eau avec 326 000$, L'Empire Bossé avec 158 000$, Rebelle avec 120 000$, Dérapages avec 700 000$ et Laurence Anyways avec 340 000$).

«C'est une question d'offre, dit Pascale Dubé. Cette année, il n'y a pas eu de sortie d'un film québécois majeur au printemps comme Laurence Anyways (Xavier Dolan) et Dérapages [documentaire de Paul Arcand] en 2012. Peut-être que les films qui sont sortis n'avaient pas tous la vocation de rejoindre un grand public.»

Baisse totale de 13%

Autre tendance inquiétante pour l'industrie du cinéma: les Québécois ne se ruent pas dans les salles depuis le début de l'année. Au total, les revenus du box-office au Québec ont été de 78,6 millions pour les 23 premières semaines de 2013, en baisse de 13% par rapport aux 90,3 millions récoltés durant la même période l'an dernier. En ajustant les chiffres en fonction du nombre exact de jours, Cinéac fait valoir que la baisse réelle est plutôt d'environ 10%.

«Le début de l'année a été extrêmement tranquille, mais le déficit avec l'an dernier s'est réduit au cours des dernières semaines, dit Pascale Dubé. Il faut dire que l'année 2012 avait été atypique: il y a eu des grosses sorties de films presque toute l'année, notamment The Hunger Games au printemps.»

Pourquoi le box-office québécois est-il en baisse de 10% comparativement à une diminution de 5% en Amérique du Nord? En partie à cause des succès du Canadien de Montréal, selon Cinéac.

«Après l'offre de films et le temps, le hockey est le troisième élément qui influence le plus le box-office au Québec, dit Pascale Dubé. Et depuis le début de l'année, le hockey est de retour, et le Canadien a connu une bonne saison.»