Avec son rendement de 9,6% en 2012, la Caisse de dépôt et placement du Québec atteint le seuil de respectabilité pour ce qui est de sa performance sur 10 ans. Elle obtient un rendement annuel moyen de 6,7%, de 2002 à 2012, un résultat conforme aux hypothèses de rendement de long terme de ses principaux déposants.

«Nous avons fait un bon travail», s'est félicité le grand patron de la Caisse de dépôt, Michael Sabia, en conférence de presse après la publication des résultats.

Dans le cas du régime des rentes des travailleurs du Québec, le rendement atteint 7% au cours de la dernière décennie, comparativement à un rendement attendu selon la dernière étude actuarielle de 6,4%. Un résultat qui réjouit Bernard Morency, premier vice-président, Déposants, stratégie et chef des Opérations, parce qu'il englobe l'exercice 2008, l'année des pertes de 40 milliards de dollars de triste mémoire.

La Caisse de dépôt et placement du Québec a réalisé un rendement de 9,6% en 2012, profitant de la vigueur des marchés boursiers, notamment le marché des actions américaines, et d'un coup de pouce de son portefeuille de papier commercial adossé à des actifs. Ce résultat se compare à ses pairs comme Omers, gestionnaire des caisses de retraite des fonctionnaires municipaux de l'Ontario, qui a fait 10%.

Les résultats de la Caisse sont en effet importants pour les Québécois, car l'institution gère une panoplie de portefeuilles d'envergure qui touchent à leur quotidien. Les résultats des sept grands déposants de la Caisse varient de 8,2% à 10,5%, selon la pondération de leurs avoirs.

En guise d'appréciation de sa performance, soulignons que la Caisse a aussi battu son indice de référence de 30 points de base, ou 0,3 point de pourcentage. Cela équivaut à un écart positif de 462 millions de dollars.

PCAA: 80 cents par dollar

L'actif net de la Caisse s'établit maintenant à 176,2 milliards de dollars au 31 décembre 2012, comparativement à 159 milliards un an plus tôt. La croissance de l'actif vient des résultats de placement de 14,9 milliards et des dépôts nets de 2,3 milliards.

À noter que le fameux papier commercial adossé à des actifs (PCAA), qui a causé bien des maux de tête à la direction de la Caisse dans les dernières années, contribue positivement aux résultats cette année, à hauteur de 1,7 milliard. Sur papier, la Caisse récupère 80 cents par dollar pour ce qui est des PCAA.

Finalement, l'année 2012 a été marquée par la vente de certaines de ses participations de la Caisse dans Québecor Média, de 45,3% à 24,6%, et dans l'exploitant des aéroports Heathrow de Londres, de 21,1% à 13,3%.

L'exercice a aussi été le théâtre de nombreux investissements d'envergure au Québec, par exemple dans les sociétés CGI et Genivar lors d'acquisitions au Royaume-Uni.

En conférence de presse, Michael Sabia a parlé comme d'une question hypothétique la création d'un fonds de 10 milliards pour protéger les sièges sociaux au Québec d'une prise de contrôle étrangère. Il a refusé d'indiquer ce qu'il en pensait, en ajoutant néanmoins que «la Caisse est indépendante et que ce principe est fondamental». En commission parlementaire, en février, le ministre des Finances, Nicolas Marceau, avait indiqué que les discussions allaient se poursuivre avec la direction de la Caisse de dépôt sur ce sujet.

Un rôle actif chez Rona

En ce qui a trait à la société Rona, dans laquelle la Caisse a haussé sa participation à près de 15% en 2012, M. Sabia a exprimé sa satisfaction à l'égard du plan stratégique dévoilé récemment par le quincaillier. Contrairement à ses habitudes, la Caisse a joué un rôle actif dans le départ de Robert Dutton et dans l'arrivée de Robert Chevrier comme président du conseil d'administration. «À la Caisse, nous existons pour faire du développement, pas pour faire de la protection. Dans Rona, nous voyons une entreprise qui a du potentiel à long terme, qui peut être redressée et qui peut avoir du succès», a-t-il dit.

Le grand patron a par ailleurs réitéré sa confiance à l'égard de la nouvelle direction de SNC-Lavalin. Ce fleuron du Québec économique a été frappé par une nouvelle vague d'accusations criminelles à l'encontre de ses anciens dirigeants. «Notre perspective est, oui, de continuer d'investir dans SNC-Lavalin parce que nous sommes convaincus que la société sera en mesure de répondre à ces enjeux», a-t-il répondu à une question d'une journaliste.