Le marché obligataire attend le Québec depuis le dépôt du budget 2013-2014 par le ministre des Finances, Nicolas Marceau, il y a déjà 10 jours. Après tout, n'a-t-il pas 8 milliards de dollars à emprunter d'ici le 31 mars?

C'est pourtant Hydro-Québec qui s'est présentée jeudi avec une tranche de 500 millions d'une obligation venant à échéance en février 2050. Elle s'est vite envolée.

«Une bonne partie de l'émission était pratiquement vendue avant même d'avoir été lancée», résume Jean-François Godin, vice-président, recherches, chez Valeurs mobilières Desjardins.

Cela porte à 6 milliards l'encours de cette obligation qui porte un coupon de 5%. M. Godin précise que la demande était si forte que les acheteurs ont accepté un rendement de cinq centièmes de moins qu'une tranche de la même obligation offerte sur le marché secondaire.

Durant toute la semaine, les rumeurs ont couru que le Québec allait de nouveau emprunter. Les écarts de taux entre les obligations canadiennes et québécoises de même échéance se sont d'ailleurs un peu resserrés depuis la présentation du budget Marceau, signe qu'il est bien reçu par les prêteurs.

Il faut s'attendre à des émissions imminentes du Québec. Le 1er décembre est la date où les investisseurs encaissent le coupon semestriel d'une grande partie des obligations canadiennes et provinciales en circulation. Cet argent est réinvesti, règle générale.

En outre, c'est à cette date que la souche d'obligations québécoises venant à échéance le 1er décembre 2022 sort de l'indice de référence obligataire DEX long terme pour se retrouver dans le DEX moyen terme.

«Cela devrait soutenir la demande pour des obligations venant à échéance en 2023», souligne M. Godin. Les gestionnaires de portefeuille pondèrent le risque de leur enveloppe obligataire par un choix de titres et d'échéances.

L'émission d'hier faisait suite à celle, aussi réussie, de 500 millions, lancée par la Colombie-Britannique au lendemain même du dépôt de sa mise à jour budgétaire de mi-parcours.

À la différence du Québec qui maintient le cap sur un déficit de 1,5 milliard en 2012-2013 et un retour à l'équilibre l'année suivante, la province pacifique s'attend désormais à un déficit de 1,47 milliard pour l'année en cours, soit un demi-milliard de plus que ce qu'elle avait prévu au printemps.

Sa riche voisine, l'Alberta, a fait de même avec une projection de déficit qui passe de 777 millions à 1,33 milliard.

Même la situation budgétaire de la Saskatchewan s'est détériorée. «Ces trois provinces, précise Robert Kavcic, de BMO marchés des capitaux, accusent un solde budgétaire combiné inférieur de 2,3 milliards à leurs prévisions, soit 0,4% de leur PIB (produit intérieur brut). Cela reflète des baisses de revenus par rapport à leurs prévisions.»

Tant les prix du pétrole, du gaz naturel que de la potasse ont baissé depuis le printemps, ce qui a pour effet de rapetisser l'assiette fiscale.

Les finances du Québec sont moins touchées par les variations de prix des matières premières, les redevances comptant pour peu dans l'assiette fiscale. Cela devrait lui permettre d'emprunter à bon taux.