Il est 16h30 lorsque j'arrive à l'École d'Entrepreneurship de Beauce, à Saint-Georges. Après trois heures et demie de route et plus de 10 longues minutes pour traverser la ville qui longe la sinueuse rivière Chaudière, j'accède enfin à ma chambre de l'ancienne Auberge Saint-Georges avec l'espoir de prendre une douche rapide avant de participer au cocktail de bienvenue de 17 heures. Horreur, la chambre n'a pas été faite...

Lit sans dessus-dessous, une vielle tasse de café sur la table, des serviettes humides qui jonchent le plancher de la salle de bain, je mets rapidement une croix sur mon projet de noyer sous la douche les centaines de kilomètres parcourus.

Ce n'est qu'une heure plus tard que je me rends compte que j'ai été instrumentalisé à des fins pédagogiques. Bienvenue à l'École d'Entrepreneurship de Beauce (ÉEB).

Cette école nouveau-genre qui amorce sa deuxième année d'existence est destinée aux entrepreneurs qui veulent parfaire leurs habilités et partager le vécu d'entrepreneurs de renom qui ont marqué le paysage économique québécois.

Charles Sirois, Laurent Beaudoin, Alain Lemaire, Jacques Lamarre, Jean Coutu et Aldo Bensadoun sont quelques-uns de la soixante de mentors ou entrepreneurs-entraîneurs qui animent les ateliers de l'ÉEB auprès de la trentaine d'entrepreneurs-athlètes qui composent chacune des cohortes d'étudiants.

Un atelier sur-mesure

L'atelier de deux jours auquel j'ai assisté était justement animé par la grande spécialiste québécoise des chambres d'hôtel - toujours absolument impeccables -, Christiane Germain, la présidente du Groupe Germain Hospitalité.

C'est durant le cocktail de bienvenue où chacun devait se présenter que l'on m'a demandé quel effet cela m'avait fait d'arriver dans une chambre en désordre avec les traces encore visibles du passage des locataires de la veille...

On était deux ou trois dans la même situation alors que d'autres avaient au contraire recueilli un mot d'accueil chaleureux et personnalisé sur leur oreiller ou une boîte de chocolats.

La table (ou la chambre) était donc mise pour que l'on discute services, accueil et autres détails pourtant fondamentaux de l'industrie de l'hébergement. Une fois le cocktail et le repas terminés, l'activité du soir avait pour titre : «Un lit à la Germain».

Deux lits occupaient le devant de la vaste salle d'activités de l'ÉEB. Une spécialiste du service aux chambres du Groupe Germain a d'abord expliqué les étapes de la mise en place des draps, édredons, taies d'oreillers...

Les entrepreneurs-athlètes, réunis en groupe de trois, devaient tour à tour réussir à faire pareil en moins de 25 minutes. Beaucoup de sueurs, de rires et de frustrations ont émaillé de cet exercice particulier.

Une immersion périlleuse

Le jour suivant s'est déroulé de façon plus traditionnelle. Le matin, Christiane Germain a animé deux ateliers de deux heures au cours des quels elle a expliqué son parcours et ses différents apprentissages ainsi que sa philosophie très détaillée du service à la clientèle.

Des ateliers donnés sur le ton d'un échange où elle encourageait les entrepreneurs-athlètes à l'interrompre pour qu'elle précise ou approfondisse davantage des éléments particuliers. Laissez-moi vous dire que les entrepreneurs ne se gênaient pas pour animer la discussion.

Tout l'après-midi a été consacrée à un atelier créatif qui avait pour thème : «Qu'auriez-vous fait à notre place?» Encore-là, les suggestions et les simulations de situations on été nombreuses.

Christiane Germain l'admet d'emblée, elle était très nerveuse de participer ainsi à ces deux jours d'ateliers immersifs où elle allait mobiliser les feux de la rampe.

«Je ne suis pas très présentation. Ça m'inquiétait pas mal parce que je ne voulais pas décevoir les entrepreneurs. J'ai mis beaucoup de temps à me préparer», souligne-t-elle.

Préparation extrême qu'on a pu observer de nous-même. Que ce soit l'entrée en matière du premier soir ou durant la journée entière de discussions, Christiane Germain était prête et d'attaque.

Les entrepreneurs-athlètes étaient visiblement satisfaits et aussi fascinés par la détermination affichée par la femme d'affaires et le succès que l'entrepreneure-hôtelière a obtenu tout au long de sa carrière. C'est exactement cette fonction d'émulation que cherche à stimuler l'ÉEB.