Faut-il amputer les revenus des plus riches? Les médecins pensent que oui! Un nouveau groupe canadien nommé Doctors for Fair Taxation (médecins pour des impôts équitables) demande aux gouvernements une augmentation des impôts pour les riches, dont ils font eux-mêmes partie. Cela permettrait de financer convenablement les services publics et de réduire les déficits et la dette publique.

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Jusqu'ici, 688 personnes ont signé sa pétition en ligne (doctorsforfairtaxation.ca) pour réclamer une augmentation des impôts. Du lot, 288 sont des médecins, dont environ 10% proviennent du Québec.

Le groupe de médecins rappelle que l'écart entre les riches et les pauvres s'est considérablement élargi depuis les années 50, ce qui a un impact sur la santé de la population. D'ailleurs, les sociétés plus équitables sont généralement plus en santé, indique le groupe de médecins.

«Utiliser la fiscalité pour aller chercher des sommes [aux plus riches] afin de financer les services que tout le monde utilise nous semble une approche à privilégier», dit Philippe Hurteau, chercheur à l'IRIS.

Mais depuis les années 70, le taux marginal d'imposition des nantis a plutôt fondu. Il était de 68,42% au Québec et de 66,04% en Ontario en 1976. L'écart entre les deux provinces était alors de moins de 2%.

Si le taux grimpait à 55,22% au Québec, comme le proposent les péquistes, l'écart avec la province voisine atteindrait presque 6%, et ce, même si l'Ontario s'apprête à relever le taux d'imposition à 49,53% sur les revenus de plus de 500 000$, en 2013.

«Un écart aussi grand entre le taux d'imposition au Québec et en Ontario n'a pas été observé depuis 25 ans», précise Luc Godbout, professeur de fiscalité à l'Université de Sherbrooke.

En demandant environ 15 000$ d'impôt de plus aux gens qui gagnent 400 000$, le Québec risque-t-il de voir déménager un de ces précieux salariés?

«L'exode des nantis? Il faut prendre ça avec un grain de sel, répond M. Hurteau. La fiscalité n'est qu'une raison parmi tant d'autres pour laquelle les gens demeurent sur un territoire précis. Il y a des facteurs culturels, identitaires...»

Mais d'autres experts ne sont pas du même avis. «La hausse proposée s'accompagnerait d'une réduction du revenu imposable des contribuables touchés, qui anéantirait presque toutes les recettes fiscales escomptées», avance Alexandre Laurin, de l'Institut C.D. Howe.

Selon lui, la hausse d'impôt prévue par le Parti québécois pourrait rapporter à peine 15% des recettes espérées. «La hausse serait très nuisible à l'économie du Québec, dit-il, sans rapporter de recettes importantes.»