La Caisse de dépôt et placement du Québec quadruple la taille de son enveloppe consacrée aux petites entreprises québécoises cotées en Bourse, qui passe ainsi de 50 millions de dollars à 200 millions. La décision pourrait devenir encore meilleure, d'après un expert, si l'institution parvenait à convaincre des sociétés privées qu'elle a en portefeuille de s'inscrire en Bourse.

«C'est une bonne nouvelle pour les entreprises déjà cotées, dont le plus grand risque est de tomber dans l'oubli», dit Guy LeBlanc, associé chez PricewaterhouseCoopers et co-auteur du rapport Pour une démocratisation du financement de nos entreprises qui soulignait le faible niveau d'inscriptions de sociétés québécoises, il y a un an.

«Pour que ça devienne une excellente nouvelle, poursuit M. LeBlanc, il faudrait que la Caisse favorise l'inscription de sociétés privées ayant un fort potentiel de croissance sur les marchés publics en s'engageant, par exemple, avec un investissement d'ancrage en prenant 20, 25 ou 30% de l'émission initiale.» En agissant de la sorte, croit-il, la Caisse minimiserait les risques d'échec de l'émetteur, tout en exerçant une influence positive sur les autres investisseurs potentiels.La Caisse détient en portefeuille d'excellentes candidates à un premier appel public à l'épargne (PAPE), d'après M. LeBlanc.

Questionné à ce sujet, Normand Provost, premier vice-président, placements privés, à la Caisse de dépôt, souligne l'importance de la taille de l'entreprise quand vient le temps d'envisager un PAPE. «On ne force pas les entreprises à devenir publiques, mais, bien sûr, par nos investissements en placements privés, si on leur permet de croître au point d'avoir accès aux marchés publics, on fait d'une pierre deux coups: un rendement adéquat et un bon positionnement d'une entreprise québécoise à la Bourse», dit-il.

En ce qui a trait à l'annonce d'hier, M. Provost croit qu'une participation de la Caisse dans une petite capitalisation envoie un signal aux marchés que l'entreprise ciblée mérite considération. De plus, il indique que la Caisse jouera un rôle actif comme investisseur. «Nous voulons très bien comprendre le modèle d'affaires parce que notre vue est d'en faire des investissements à long terme qui répondent aux attentes de nos déposants», dit-il. Il affirme que l'institution souhaite servir de «tremplin» pour ces entreprises «en pleine croissance qui en sont souvent à se positionner sur les marchés mondiaux».

La Caisse devra prendre garde toutefois que son investissement ne crée pas l'effet pervers de nuire à la liquidité du titre sur le marché secondaire, prévient M. LeBlanc.

Le plafond de capitalisation des titres détenus dans ce portefeuille passera de 250 millions à 400 millions. Depuis l'annonce de la création de ce portefeuille spécialisé en avril 2011, la Caisse a investi dans six entreprises québécoises en vertu de ce mandat, dont Groupe Mercator Transport, souligne l'institution dans un communiqué.

On dénombre une centaine d'entreprises québécoises cotées ayant une capitalisation boursière de 400 millions ou moins.

Par ailleurs, en France, la Caisse de dépôt vient d'accroître son investissement au capital de la société de transports Keolis, mieux connue au Québec pour son récent rachat complet de l'autocariste Orléans Express. Keolis possède aussi le Groupe Gaudreault de transport par autocars nolisés.

La Caisse de dépôt détient désormais 30% de Keolis. Elle devient du coup son seul autre actionnaire aux côtés de la société ferroviaire SNCF, qui a une part majoritaire de 70%.

La Caisse de dépôt et placement du Québec gère des fonds provenant principalement de régimes de retraite et d'assurance publics et privés. Son actif net s'élevait à 159 milliards au 31 décembre 2011.