Les agriculteurs veulent être traités comme les alumineries et l'industrie des jeux vidéo.

Ils demandent au gouvernement d'augmenter les programmes de stabilisation des revenus agricoles, de la même façon qu'il partage des risques avec d'autres secteurs économiques.

C'est le message qu'a lancé le nouveau président de l'Union des producteurs agricoles (UPA), Marcel Groleau, au terme des assises annuelles de l'organisation à Québec jeudi.

En clair il réclame de rouvrir l'enveloppe annuelle que le gouvernement Charest verse à la Financière agricole, l'organisme qui compense les pertes des exploitants en cas de mauvaise année. L'État s'était engagé à verser 630 millions $ à la Financière annuellement pendant cinq ans jusqu'en 2014, mais il en faudra plus, a fait savoir M. Groleau.

«Si on était capable de faire chevaucher un peu les années pour répondre maintenant à des besoins urgents, plutôt que de s'en tenir strictement aux enveloppes actuelles», on éviterait des conséquences irréparables, a-t-il laissé entendre dans une entrevue à La Presse Canadienne.

Selon lui, il s'agit de partager les risques entre l'État et les agriculteurs, comme le gouvernement le fait avec d'autres industries.

Son discours a été applaudi par les délégués: il voit mal pourquoi l'État accepte de partager les risques des alumineries et des concepteurs de jeux vidéo, avec des tarifs d'électricité et des crédits d'impôt, pendant que les agriculteurs doivent assumer un trop lourd fardeau de risques.

«Ces entreprises-là font un excellent lobbying, je ne sais pas si (le géant de l'aluminium) Rio Tinto donne des cours, j'irais en suivre», a-t-il dit en conférence de presse après son discours de clôture.

À l'instar du Plan Nord que le gouvernement met tant d'efforts à mousser, il faut maintenant mettre en place un véritable «Plan agricole», selon M. Groleau.

Trop souvent on a considéré le secteur agricole comme étant «à la remorque de l'État», alors qu'il «tire l'économie» du Québec, a-t-il assuré, avec ses 174 000 emplois.

«C'est un secteur qui génère de l'emploi, de l'activité économique, de façon beaucoup plus performante que d'autres secteurs qu'on soutient sans limite.»

Mais quand le risque est mal réparti, les agriculteurs sont condamnés à mettre un terme à leurs activités, et c'est la menace qui plane sur 30 pour cent des producteurs, a-t-il rappelé, surtout dans le domaine de la viande.

«Investir dans un programme de partage de risques en agriculture, c'est un bon investissement, a clamé M. Groleau. Ce n'est pas une dépense, c'est un investissement.»

Il rencontrera la Financière agricole au cours des prochaines semaines et précise d'entrée de jeu qu'il n'a pas l'intention de relancer la guerre qui l'oppose à l'UPA depuis 2010 sur le resserrement des règles de couverture pour résorber ses propres manques à gagner.