Les étages supérieurs de l'îlot Voyageur ne sont pas encore construits qu'il faut déjà refaire le plancher du rez-de-chaussée. Des travailleurs sont à pied d'oeuvre depuis le début de la semaine pour remplacer le béton qui recouvre le stationnement au premier niveau, a constaté La Presse Affaires.

L'îlot Voyageur est ce bâtiment inachevé rue Berri qui devait fournir à l'UQAM l'espace nécessaire pour des résidences pour étudiants, des bureaux, un stationnement souterrain et des salles de classe. Il abrite notamment la Station centrale d'autobus

Au cours de notre passage, hier, des travailleurs avaient démoli la dalle qui recouvre le stationnement des autobus. Ils s'affairaient à empiler les débris près d'une petite grue. Un camion a quitté les lieux transportant un tas de rebuts. Ce plancher doit être refait au grand complet.

«C'est une dalle de roulement, pas la dalle structurale qui est en dessous et qui, elle, est en très bon état», précise Martin Roy, porte-parole de la Société immobilière du Québec (SIQ), l'organisme gouvernemental qui possède l'édifice.

Une inspection réalisée par la firme Cima+ en mai 2009, puis révisée en septembre 2010, a révélé la présence de nombreuses fissures dans la structure.

«La chape de béton qui recouvre la membrane de la dalle du niveau R est fissurée sur toute sa surface, peut-on lire dans le rapport. Cette fissuration est apparue suite au passage des autobus après la première inspection de mai 2009.»

C'est cette même chape de béton que la SIQ doit maintenant remplacer.

La SIQ paiera les travaux, elle qui a acquis l'immeuble il y a moins d'un an. M. Roy n'a pas été en mesure de préciser combien coûtera le remplacement de la dalle. Ce travail s'insère dans un chantier de 8 millions de dollars, lancé au printemps pour terminer l'aménagement du terminus d'autobus au rez-de-chaussée. On a bâti un lien souterrain vers le métro Berri-UQAM, et achevé le système de ventilation.

Il n'a pas été possible de savoir si la SIQ va exiger une forme de dédommagement auprès de Busac, qui a bâti l'immeuble et qui en était propriétaire jusqu'à l'an dernier.

Selon le député Sylvain Simard, critique du Conseil du trésor au Parti québécois, cette nouvelle tuile soulève des inquiétudes quant à l'état général de l'îlot Voyageur. Il souligne que les étages supérieurs de l'édifice sont exposés à la pluie, au vent et au froid depuis que le chantier a été stoppé, il y a quatre ans.

«Vous imaginez que pour les étages qui ont été exposés aux éléments depuis fort longtemps, on risque de se retrouver avec de fort mauvaises surprises», dit-il.

Le remplacement du béton ne devrait pas perturber le terminus d'autobus outre mesure, a indiqué Martin Roy. Le chantier sera mené en deux temps pour que des quais restent accessibles. Les services d'expédition restent pour leur part ouverts.

Le feuilleton de l'îlot Voyageur a commencé en 2005, fruit d'une association entre l'UQAM et la firme Busac. Mais les coûts ont explosé au point où Québec a dû verser 200 millions dans une fiducie pour sortir l'UQAM du gouffre financier. L'an dernier, le gouvernement a allongé 20 millions pour acquérir l'immeuble, et 25,5 millions pour mettre la main sur les droits de gestion de la Station centrale d'autobus.

Le chantier, lui, a été abandonné en 2007. Une clôture métallique entoure l'édifice à ce jour, et le squelette de béton reste bien visible au coin des rues Berri et Ontario.

La présidente du Conseil du Trésor, Michelle Courchesne, devait se prononcer à la fin de juin sur l'avenir de l'îlot voyageur. La décision a finalement été repoussée à la fin de l'automne.

«En un an, on n'a toujours pas trouvé le moyen de déterminer l'avenir de ce bâtiment, qui se dégrade devant tous les Montréalais, dénonce Sylvain Simard. On a vraiment un monument aux fiascos libéraux de gestion.»