Au même titre que les bleuets et les canneberges, les fraises et les framboises sont parmi les fleurons de l'industrie québécoise des petits fruits. Bon an mal an, il se récolte près de 38 000 tonnes de ces deux petits fruits charnus, pour des revenus totaux d'environ 36 millions de dollars.

Les fraises et les framboises n'ont pas connu de croissance spectaculaire en terme de superficie de production. Ce sont les méthodes de culture et la qualité des fruits qui ont fait la différence. Résultat : les Québécois et les grandes chaînes d'alimentation en redemandent. En effet, à une époque pas si lointaine, les fraises de la Californie faisaient de l'ombre aux fraises du Québec en plein été.

«Notre industrie est mieux organisée que jamais. Nous travaillons avec les grandes chaînes afin d'assurer un approvisionnement continu. Et avec nos différentes campagnes de marketing, les consommateurs veulent la fraise du Québec. En début de saison, les supermarchés nous courent après», explique Louis Belisle, producteur à Saint-Eustache, et premier vice-président de l'Association des producteurs de fraises et framboises du Québec.

Le principal enjeu dans l'industrie, qui compte 700 producteurs, concerne la main-d'oeuvre, laquelle représente entre 50 % et 53 % des coûts de production. «Chaque cueilleur est payé au salaire minimum, ce qui n'est pas le cas de bien d'autres industries. Chaque hausse du salaire minimum fait donc très mal aux producteurs. En plus, tous nos cueilleurs sont des travailleurs étrangers» dit-il.

Et pour faire venir ces mêmes travailleurs, que ce soit du Mexique, du Guatemala ou des Antilles, il faut leur payer un billet d'avion et ensuite les héberger. «Ça signifie entre 3$ et 4$ de plus par personne par heure de travail. Ça devient donc impossible d'offrir des prix semblables à ceux des fraises de la Californie, où la main-d'oeuvre coûte quatre fois moins cher», fait valoir Louis Belisle.

Malgré tout, la fraise (celle du Québec, mais aussi celles de la Californie et de la Floride) est devenue tellement prisée par le consommateur québécois qu'elle aurait déclassé la banane comme fruit le plus vendu.

Enfin, s'il est un secteur où tout va pour le mieux, c'est celui du bleuet en corymbe. De 2004 à 2010, le nombre de producteurs y est passé de 196 à 338. Et les revenus de cette industrie, qui semble vouloir se stabiliser, ont doublé, passant de 1,6 à 3,8 millions de dollars.

Par opposition au bleuet sauvage, le bleuet en corymbe (qui signifie littéralement «en grappe») est très bien adapté au climat du sud du Québec. Ce type de plant atteint facilement deux mètres et donne de plus gros fruits. On estime à plus de 1000 acres la superficie de culture de ce bleuet.

L'avantage, c'est que le bleuet en corymbe n'est pas tributaire des marchés extérieurs.

«Tout est en vendu en autocueillette, en kiosques, dans les marchés publics et dans certains supermarchés. Et cette année, le prix est de 2,50$ la livre, ce qui est bon pour tout le monde», explique Normand Delisle, producteur à Brigham et président du club conseil du Corymbe, lequel regroupe 30 producteurs de la Montérégie et des Cantons-de-l'Est.