L'argent n'a pas d'odeur, et l'économie du carbone est là pour le confirmer. Dans une transaction de plusieurs millions de dollars, des financiers québécois viennent de vendre un important lot de crédits de carbone générés à partir de... déchets municipaux.

Solutions L2i, entreprise québécoise de finance climatique, annoncera aujourd'hui la vente de 300 000 tonnes de crédits de carbone à Just Energy. Cette dernière est un fournisseur indépendant d'énergie dont le siège social est à Mississauga, en Ontario, et qui est inscrite à la Bourse de Toronto.

Les termes exacts de la transaction n'ont pas été dévoilés, mais le prix de vente total dépasse 2,25 millions de dollars, selon L2i.

«Il s'agit de la plus importante vente de crédits de carbone d'origine canadienne à être conclue au Québec», affirme Yves Legault, vice-président en financement corporatif de L2i.

Les crédits ont été générés par des terrains d'enfouissement des régions de Toronto, London, Hamilton et Ottawa. Ceux-ci ont évité l'émission de gaz à effet de serre dans l'atmosphère en faisant notamment du compostage accéléré de matières organiques et en produisant de l'énergie et des fertilisants avec les déchets.

«Nous nous sommes intéressés à ces crédits à cause de leur qualité», dit M. Legault, qui explique que les projets de réduction ont été réalisés avec des méthodologies strictes et reconnues. Selon l'entreprise, ces crédits ont de bonnes chances d'être acceptés dans le futur marché du carbone auquel le Québec participera avec la Californie dès l'an prochain.

Solutions L2i a acheté les crédits provenant de ces différents projets, les a regroupés et les a vendus à Just Energy, qui se décrit comme un fournisseur d'électricité indépendant. L'entreprise achète du gaz naturel à des pétrolières et de l'électricité à de grands producteurs pour les revendre à des particuliers et à de petits commerces.

Mais Just Energy offre aussi à ses clients de neutraliser les émissions de gaz à effet de serre produites par leur consommation d'énergie. C'est là que les crédits de carbone achetés de L2i interviennent. Un particulier, par exemple, pourra payer 25$ par mois à Just Energy pour s'assurer que sa maison est carboneutre. Le gaz naturel qu'il achète du fournisseur émettra bel et bien du gaz carbonique dans l'atmosphère lorsqu'il l'utilisera pour se chauffer. Mais en achetant avec son gaz naturel des crédits de carbone générés dans un terrain d'enfouissement qui, lui, a réduit ses émissions de gaz, l'équation s'équilibre et le total des crédits émis est nul.

«On travaille sur le marché volontaire. On s'adresse à des clients qui sont préoccupés par l'impact de leurs émissions de gaz à effet de serre sur l'environnement», explique Christian McArthur, vice-président directeur de Just Energy.

L'entreprise regarde cependant de très près la progression des marchés réglementés comme la Western Climate Initiative, à laquelle le Québec devrait participer.

Pour l'instant, Just Energy offre de contrebalancer les émissions de gaz à effet de serre seulement à ses clients ontariens et américains.

«Nous évaluons les options pour offrir ce programme dans de nouveaux marchés canadiens, y compris le Québec», dit toutefois M. McArthur.

Just Energy a enregistré un chiffre d'affaires de 2,9 milliards l'an dernier, en hausse de 25%. Le titre de l'entreprise a gagné 4 cents, ou 0,29%, pour clôturer à 13,89$, hier, à la Bourse de Toronto.