La Presse Affaires a révélé hier des faits méconnus débusqués en épluchant les rapports annuels de sociétés d'État québécoises. Suivi sur ce dossier controversé.

En fouillant le rapport annuel d'une société d'État, on découvre à l'occasion des informations dont ses dirigeants préfèrent ne pas se vanter. D'autres fois, on ne trouve rien... parce qu'il n'y a rien d'écrit. C'est exactement ce qui se produit cette année avec le site internet transactionnel saq.com et la filiale R-D Ingenio de Loto-Québec. On repassera pour la transparence.

Pas une ligne ne traite du site transactionnel saq.com dans le rapport 2010-2011 de la Société des alcools du Québec (SAQ).

Est-ce que les ventes en ligne progressent? Quelle est la stratégie d'avenir? Quelles ont été les stratégies promotionnelles? Comment la SAQ entend-elle utiliser les médias sociaux pour renforcer son site transactionnel? Silence complet.

On est pourtant en 2011, où l'internet est au coeur de la stratégie commerciale de bon nombre d'entreprises de commerce de détail. Quand on fait part de cette omission à la porte-parole de la SAQ, Isabelle Merizzi, elle se dit surprise. «Vous êtes le seul à le mentionner.»

Un article du collègue Fabrice de Pierrebourg, daté d'il y a huit jours à peine, faisait part de l'aura de mystère entourant le site saq.com. «Saq.com, on l'a toujours géré comme une succursale à part et vous ne verrez jamais dans nos rapports annuels la performance individuelle de nos succursales», explique Mme Merizzi.

Elle indique que les ventes en ligne ont tourné autour de 30 millions de dollars cette année.

Sept millions ont été récoltés par la vente de produits réguliers ou de spécialité avec livraison à domicile.

La différence concerne des ventes de grands crus et de produits rares dans le cadre d'événements comme Primeurs Bordeaux et Courrier vinicole.

Ingenio, l'incognito

Du côté de Loto-Québec, c'est la filiale Ingenio, longtemps déficitaire, qui a disparu de ses livres cette année. Les chiffres s'y rapportant ont été amalgamés aux autres divisions de la société d'État. Ça n'a pas toujours été le cas. Un article du Journal de Montréal de décembre 2008 rapportait qu'Ingenio avait englouti 47 millions depuis sa création, 10 ans plus tôt.

«Pour nous, c'est davantage une unité de recherche et développement (R-D) qu'une unité commerciale. On le faisait par le passé (de divulguer ses chiffres séparément), mais on a décidé de ne plus le faire, explique Jean-Pierre Roy, porte-parole de Loto-Québec. Il faut dire qu'on a recentré le rôle d'Ingenio davantage vers l'interne. À un moment donné, on cherchait à vendre (les produits conçus par Ingenio) partout dans le monde.»

Les derniers chiffres disponibles pour Ingenio remontent à l'exercice clos le 31 mars 2010, il y a un an. Ingenio affichait alors des ventes de 771 000$ et avait réalisé un bénéfice de 372 000$.